L’Opep sur la défensive
Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 1 minute.
Dans une lettre révélée par le Financial Times, Edmund Daukoru, ministre nigérian du Pétrole et président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a proposé aux onze membres de l’organisation de réduire leur production de 1 million de barils par jour. En septembre, l’Opep a extrait 27,43 millions de barils par jour (b/j). Ce serait la première réduction depuis avril 2004.
Tous les membres de l’Opep sont tombés d’accord pour envoyer un message aux marchés, afin qu’ils cessent de jouer le pétrole à la baisse. Ils voudraient ainsi enrayer la dégringolade du prix du brut, qui est passé d’un record de 78,40 dollars le baril en août à moins de 59 dollars aujourd’hui, malgré la crise nord-coréenne.
Cette tactique est-elle légitime ? Oui, car l’Opep a fait le maximum pour augmenter sa production et limiter l’envolée des cours, quand le monde entier fantasmait sur une pénurie possible d’or noir. Aujourd’hui, les marchés se sont persuadés du contraire, en raison du niveau des stocks américains, de la modération de la crise avec l’Iran et du ralentissement économique aux États-Unis. Il est logique que ses membres revoient à la baisse des barils inutiles.
Cette tactique sera-t-elle efficace ? Si le cartel qu’est l’Opep parvenait à parler et à agir de concert, oui. Mais les analystes doutent que les différents pays membres parviennent à se répartir les nouveaux quotas de production et à les respecter. Les intérêts sont divergents : certes, l’opulente Arabie saoudite a annoncé qu’elle réduirait, en novembre, ses livraisons de 300 000 b/j, mais l’Iran est devenu tellement dépendant des recettes pétrolières qu’il lui en coûterait de les voir diminuer ; l’Indonésie est un importateur net de pétrole et ne peut se permettre de baisser sa production ; l’Irak sera évidemment dispensé de sacrifices pour cause de reconstruction, etc. C’est dire que la zizanie pointe.
Les marchés ne croient donc pas à la gesticulation de l’Opep et les prix sont attendus encore à la baisse. Sauf crise internationale, bien sûr.
