Issa Faye : « Il faut accompagner les États dans la mise en place des fonds souverains »

Selon la Banque africaine de développement, les fonds souverains peuvent être un moteur du développement… à condition d’investir sur le continent.

Issa Faye, chef de la division Recherche sur le développement à la BAD. DR

Issa Faye, chef de la division Recherche sur le développement à la BAD. DR

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 11 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Auteur, avec Thouraya Triki, de l’étude « Africa’s Quest for Development : Can Sovereign Wealth Funds Help ? » (décembre 2011), Issa Faye, chef de la division Recherche sur le développement de la Banque africaine de développement (BAD), constate l’intérêt croissant des États africains pour les fonds souverains. Il relève aussi une dynamique positive dans la gestion de ces fonds.

Jeune Afrique : Quel doit être le rôle d’un fonds souverain ?

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Issa Faye : C’est un véhicule d’investissement géré par une entité publique ou des gestionnaires extérieurs au profit d’un État pour remplir des objectifs économiques et financiers à long et moyen terme. Un fonds souverain est géré dans une logique d’investissement pour aller sur les marchés ou diversifier une économie. Un tel instrument offre une flexibilité dans la prise de décisions, ce que ne permet pas la gestion classique d’un budget national. Mais les stratégies doivent être claires, et la gouvernance transparente.

Les stratégies doivent être claires, et la gouvernance transparente.

Qu’est-ce qui motive un État à créer un fonds souverain ?

En Afrique, la motivation la plus souvent évoquée est le besoin d’avoir un instrument qui puisse absorber une manne financière provenant d’exportations de produits primaires, jouer un rôle de stabilisateur et éviter les chocs potentiels pouvant perturber l’équilibre macroéconomique du pays. Une autre motivation est le besoin d’épargner une partie de ces ressources financières pour les générations futures.

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Comment l’Afrique doit-elle utiliser ses fonds ?

Avec la raréfaction des ressources extérieures et le besoin pressant de ressources longues pour financer les gros investissements, les fonds africains gagneraient à investir en Afrique. Si les fonds souverains du continent augmentaient de 1 % leurs investissements en Afrique, cela représenterait 50 milliards de dollars, soit 50 % des besoins annuels en infrastructures d’ici à 2020.

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Le Tchad et le Nigeria ont un historique peu glorieux dans la gestion de leurs fonds…

Il n’y a pas que des échecs. Le fonds de pension du Botswana semble fonctionner. Et ce que met aujourd’hui en place le Nigeria est aussi prometteur, car il semble tirer les leçons du passé. Par ailleurs, le cas tchadien montre qu’il faut éviter d’imposer aux États une stratégie de gestion de leurs fonds, le terme « souverain » n’étant pas un vain mot. Lorsqu’en 1999 la Banque mondiale a conditionné un prêt de 40 millions de dollars au Tchad à l’adoption d’une loi sur la gestion des revenus pétroliers, il n’était pas prévu que les tensions budgétaires et politiques subies par N’Djamena en 2005 changeraient la donne. Le pays a eu du mal à disposer de ses ressources au moment où il semblait en avoir besoin. Il faut certes des garde-fous mais, plutôt que de vouloir faire passer des réformes à tout prix, il conviendrait de penser à des mesures d’accompagnement.

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