La menace du « décret 108 »
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« Si nous acceptons aujourd’hui le port du hijab, nous serons demain amenés à accepter que le droit de la femme au travail, au vote et à l’enseignement lui soit dénié et qu’elle soit confinée dans un rôle de procréation », a averti Hédi M’henni, le secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le 3 octobre, au cours d’un colloque sur le thème « Authenticité et identité nationale » organisé par le parti au pouvoir à l’occasion du ramadan. Et d’argumenter : « Ces pratiques qui n’ont aucun rapport ni avec l’islam ni avec l’identité et l’authenticité du pays […] sont de nature à porter atteinte aux réalisations et acquis accomplis en faveur de la femme tunisienne. » Raison pour laquelle les autorités sont déterminées à faire respecter la loi interdisant le port du voile « dans les établissements publics, éducatifs et universitaires, ainsi que dans tous les espaces publics ».
Le patron du RCD fait à l’évidence allusion au décret 108 promulgué en 1981, au temps d’Habib Bourguiba. Ce texte, qui interdit le port d’allibas al-taifi (« l’habit sectaire ») dans les lieux publics, est souvent jugé « anticonstitutionnel » par ses détracteurs, tant islamistes que laïcs. Ces derniers lui opposent l’article 5 de la Constitution garantissant l’inviolabilité de la personne, la liberté de conscience et le libre exercice du culte. Mais le décret 108 n’a pas toujours été appliqué de manière rigoureuse, l’État alternant les périodes d’intransigeance et de relative tolérance.
Si le parti au pouvoir éprouve aujourd’hui la nécessité de dénoncer le port du voile par la voix même de son secrétaire général, c’est évidemment parce que le nombre des femmes portant le hijab s’est considérablement accru ces derniers temps. Et que ce phénomène peut en partie traduire, quoique de manière indirecte, un retour en force du fondamentalisme religieux que l’État avait cru – un peu vite, sans doute – avoir endigué.
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