Iran : le test du pantalon

Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Samareh est l’éminence grise de Mahmoud Ahmadinejad. Il est l’homme derrière le président. Il est la personnalité politique qui monte dans l’usine à gaz qui sert d’enveloppe institutionnelle à la République islamique. C’est un homme qui va compter, qu’il faut connaître. Il est de la même génération qu’Ahmadinejad. Ils se sont connus à l’université, où celui qui allait devenir président passait son diplôme d’ingénieur en trafic urbain. Ils viennent des mêmes milieux : les Gardiens de la Révolution, les « services » – bref, la branche armée et coups tordus du régime. Ce sont des laïcs qui prennent au sérieux le message révolutionnaire de l’ayatollah Khomeiny, le père de la Révolution islamique ; qui, dans un cocktail explosif, mélangent volonté de bouleversement social à l’intérieur et nationalisme agressif à l’extérieur.

On signale la première fois la présence d’Hachémi Samareh au Kurdistan, dans les « services », en 1979, quand les Gardiens de la Révolution et l’armée répriment le mouvement autonomiste kurde iranien. On le retrouve plus tard au ministère des Affaires étrangères, à la tête du département chargé de sélectionner les diplomates qui vont représenter la République islamique à l’étranger. Objectif : s’assurer de leur orthodoxie révolutionnaire. Comment ?
On prête à Samareh d’avoir inventé le test du pantalon. Car c’est là, dans le pli, surtout si le vêtement est à pinces, que commence « la déviation contre-révolutionnaire », pour reprendre le mot d’un ancien diplomate : « Un diplomate de la République islamique dont le pantalon est bien repassé laisse transparaître, d’une part qu’il n’est pas très assidu aux cinq prières quotidiennes (elles supposent de s’agenouiller), d’autre part, un souci esthétique qui trahit une inclination pour la monarchie (l’ancien régime) et donc la faible résistance qu’il opposera aux agents occidentaux. »
Les chaussures intéressent aussi Samareh, selon le site d’information sur l’Iran Roozonline. Bien cirées, à lacets, « à la mode », elles dénotent une réticence à se déchausser rapidement qui fait peser un soupçon sur l’assiduité de leur propriétaire à la prière ; en revanche, aplaties façon savates, écrasées au talon, babouchisées pour être facilement enlevées, elles témoigneraient à l’évidence de bonnes dispositions révolutionnaires et favoriseraient la nomination de celui qui les porte ainsi « customisées ».
Dernière nouvelle : au début d’octobre, Hachémi Samareh a été nommé vice-ministre de l’Intérieur chargé de contrôler les élections en République islamique. En somme, d’imaginer le test du bon électeur ?

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