655 000 décès « additionnels » ?

Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Selon une enquête publiée par la revue médicale britannique The Lancet, il y aurait eu en Irak, depuis l’invasion américaine de mars 2003, 654 965 décès « additionnels » – l’équivalent de 2,5 % de la population -, dont 601 027 causés par des armes à feu ou des explosifs.
Cette étude a été réalisée par le Dr Gilbert Burnham, de la Johns Hopkins University de Baltimore, avec l’aide de chercheurs de l’université Al-Moustansiriya de Bagdad. Les enquêteurs étaient regroupés en deux équipes de deux hommes et de deux femmes chacune. Entre mai et juillet 2006, ils ont visité 1 849 foyers, sur 47 sites choisis au hasard, et interrogé 12 801 personnes à propos des naissances, des morts et des déplacements de population survenus dans leur famille et/ou leur voisinage. Ils étaient autorisés à changer de site quand celui que le hasard leur avait désigné leur paraissait trop dangereux.
« Notre estimation totale est beaucoup plus élevée que les autres calculs de mortalité, a indiqué le Dr Burnham, parce que nous avons utilisé une méthode active, fondée sur des témoignages recueillis auprès de la population, et non une méthode passive reposant sur le dénombrement des corps ou la recension d’articles de presse. » Avec une méthode de ce type (passive), l’Irak Body Count, une association d’universitaires britanniques qui s’efforce de dresser quotidiennement le bilan des pertes civiles irakiennes, arrive au chiffre d’environ cinquante mille morts depuis l’invasion. En 2004, l’équipe Burnham avait publié une première étude utilisant cette même méthode (active) dite de « comptage par groupe ». Elle était arrivée au chiffre de près de 100 000 décès « additionnels » au cours des dix-huit mois consécutifs à l’invasion.
Se référant à la polémique que cette estimation avait provoquée, Richard Horton, le directeur de The Lancet, souligne dans sa présentation « la qualité » de cette nouvelle enquête, dont les résultats ont été « confirmés par quatre experts qui ont apporté aux éditeurs des commentaires détaillés ».
Tout en reconnaissant que « la brutalité des ennemis de l’Irak s’est largement manifestée ces derniers temps », le président George W. Bush est d’un avis diamétralement opposé. « Je ne considère pas, a-t-il fait savoir, qu’il s’agisse d’une étude crédible. Le général Casey [commandant en chef des troupes américaines sur place] et les dirigeants irakiens non plus. » À l’heure actuelle, seul le gouvernement irakien est autorisé à rendre publics les chiffres des pertes.

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