Antoinette Batumubwira

Ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale du Burundi

Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

A 50 ans, Antoinette Batumubwira, la chef de la diplomatie burundaise, membre du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, croit en l’avenir de son pays. Et entend bien en convaincre tout le monde.

Jeune Afrique : Vous êtes en route pour New York, où se tient l’Assemblée générale de l’ONU. Pourquoi cette halte à Paris ?
Antoinette Batumubwira : J’ai jugé utile de m’y arrêter pour faire le point de la coopération entre la France et le Burundi. Et, surtout, annoncer officiellement la bonne nouvelle de la signature d’un accord de cessez-le-feu avec le Parti de libération du peuple hutu-Forces nationales de libération (Palipehutu-FNL). Nous avons toujours été soutenus par l’Union européenne, et particulièrement par la France : sur 10 euros reçus, 4 sont français.
Le Palipehutu-FNL avait refusé de participer aux élections de 2005. Son entrée dans les institutions ne vous fait-elle pas craindre une déstabilisation ?
Pas du tout ! Lorsque des frères rejoignent d’autres frères, il n’y a aucune déstabilisation. Il s’agit, au contraire, d’un renforcement de la cohésion sociale, qui nous permet de mieux travailler.
L’arrestation de plusieurs personnalités pour tentative de coup d’État a valu beaucoup de critiques à votre gouvernement. Sont-elles fondées ?
Certainement pas. Ceux qui doutent seront fixés quand la justice aura fini son travail. Ceux qui disent qu’il n’y a pas de preuve n’ont qu’à le démontrer. Mais il faut laisser la justice suivre son cours.
En attendant, l’affaire a provoqué une cacophonie au sommet du pouvoir. La deuxième vice-présidente, Alice Nzomukunda, a même démissionné
Je ne pense pas que l’on puisse parler de cacophonie. Notre équipe continue à fonctionner sereinement. Elle n’a rien à voir dans ce problème. Alice Nzomukunda a démissionné à cause de difficultés personnelles avec le président de son propre parti [le CNDD-FDD], Hussein Radjabu.
Votre gouvernement est accusé de corruption. Cela ne vous gêne-t-il pas ?
La corruption règne au sein du gouvernement ? Connaissez-vous un pays où il n’y a pas de corruption ? Le président de la République et son équipe veulent éradiquer ce phénomène. C’est important de bien ?faire comprendre que le gouvernement du Burundi ?n’est pas un gouvernement corrompu.
Il y a eu récemment des frictions avec Nurreldin Satti, le représentant de l’ONU au Burundi. Qu’en est-il au juste ?
Il ne s’agit pas de frictions, mais plutôt d’une collaboration peu satisfaisante. Pour éviter des problèmes avec l’ONU, nous avons souhaité que M. Satti soit remplacé. Il s’agit pour nous de préserver nos bonnes relations avec les Nations unies en évitant de garder une personne envers laquelle la confiance totale n’existe plus.
On reproche à votre gouvernement de manquer de volonté de dialogue avec l’opposition et de n’en faire qu’à sa tête
Voilà qui est caricatural ! J’aimerais bien comprendre ce qu’on entend par « le gouvernement n’en fait qu’à sa tête ». Nous avons un programme. Le chef de l’État a choisi une équipe comprenant des membres du CNDD-FDD, vainqueur des élections de 2005, ceux des partis représentés à l’Assemblée nationale et même ceux qui n’y sont pas. Rien qu’à ce niveau-là, on ne peut pas dire que le gouvernement n’en fait qu’à sa tête. Les formations représentées dans l’Hémicycle ont un espace pour débattre et influencer la politique nationale.
Quels sont vos chantiers en tant que ministre des Relations extérieures ?
Relancer toutes les coopérations, mobiliser tous les partenaires pour financer une table ronde prévue avant la fin de l’année, réactiver tous les financements et contributions promis lors des conférences de Paris, Bruxelles et Genève. Mais surtout trouver de nouveaux partenaires, en fonction de nos urgences, et consolider la paix. Nous avons un énorme travail de mise en place et de définition de ce que sera et fera la Commission de consolidation de la paix de l’ONU, dont le Burundi est à la fois membre et bénéficiaire.
Une Commission Vérité et Réconciliation sera créée prochainement. Votre pays en a-t-il besoin ?
Tout à fait ! C’est un élément important des Accords d’Arusha de 2000. Les Burundais ont beaucoup souffert de ne pas avoir parlé pendant quarante ans et d’avoir fonctionné sur des préjugés. Aujourd’hui, il est temps que les uns et les autres se parlent. Nous espérons avoir le soutien nécessaire de l’ONU et de nos autres partenaires. Il faut que cette vérité-réconciliation soit la vraie base d’une paix durable.

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