Bruxelles ne veut plus de cadmium dans son chocolat
À partir du mois d’avril, l’Union européenne impose un seuil maximal de métal lourd dans les fèves de cacao et les produits dérivés. Les pays producteurs, inquiets, réclament un moratoire de cinq ans.
Les pays producteurs de cacao sont inquiets. L’Union européenne (UE) s’apprête à imposer une teneur maximale de cadmium autorisée dans le cacao, qui pourrait affecter sérieusement l’ensemble de la filière. Dès le mois d’avril, les fèves et produits dérivés importés par le Vieux Continent ne devront pas contenir plus de 2 microgrammes de cadmium par kilo, sous peine d’être refoulés. Cette décision fait suite à la publication, en 2009, d’un avis scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommandant de contrôler le taux de ce métal lourd susceptible de causer « des dysfonctionnements rénaux, des problèmes osseux et des troubles de la reproduction ».
Zones volcaniques
Particulièrement concernés par la nouvelle directive régulant un marché européen qui absorbe chaque année environ 60 % de la production mondiale, « les pays dont les régions de production sont situées sur d’anciennes zones volcaniques, dont les sols sont naturellement acides et donc riches en métaux lourds », explique Philippe Bastide, spécialiste de la filière au sein du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Selon l’Organisation internationale du cacao (ICCO), les niveaux les plus élevés de cadmium sont observés dans les pays d’Amérique latine et, pour l’Afrique, au Cameroun. « Essentiellement sur les fèves produites dans l’ouest du pays, précise Philippe Bastide, soit environ 10 % à 20 % de la production nationale. »
Contrôle drastique
Ce qui ne veut pas dire que les autres pays de la région – à commencer par le premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire – ne sont pas concernés par le problème. En effet, « la deuxième source de contamination au cadmium est constituée par les engrais et autres fertilisants chimiques », reprend le chercheur du Cirad. Interrogé sur le sujet, le Comité café cacao (CCC) ivoirien estime que « le problème n’est que marginal ». Abidjan va pourtant devoir, comme les autres pays producteurs, mettre en place dès le mois d’avril un système de contrôle drastique pour continuer à exporter vers l’Europe. À moins que le moratoire de cinq ans demandé par les pays producteurs ne soit accepté par l’UE.
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