Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 15 juillet 2007 Lecture : 4 minutes.

J’ai appris à aimer la France
– Je suis contre les lois de Sarkozy sur l’émigration. Contre la concentration des pouvoirs aussi. Mais je dois admettre que trop c’est trop. Quand on décide de s’installer dans un pays, quel qu’il soit, on doit y respecter ses lois, ses us et coutumes. On a des droits, mais aussi des devoirs.
En France, les hommes et les femmes sont égaux ; c’est un pays républicain et laïque. La polygamie, les mariages forcés, l’excision sont interdits. Tenir nos femmes dans l’enfermement au nom des coutumes du pays d’origine est une insulte pour la France.
Vivant depuis quarante ans en France, je suis de plus en plus en colère devant les violations quotidiennes des lois de ce pays par les nôtres. J’aime mon pays d’origine, j’ai appris à aimer aussi la France ; j’essaie de m’y conduire le mieux possible pour que les Français respectent mon pays, comme moi je respecte le leur. J’en ai marre de voir de plus en plus de filles et de femmes voilées venir provoquer celles qui respectent la laïcité et la loi de 1905.
Danie Kassongo, Bordeaux, France

Demain, le PS
– Après Bernard Kouchner, après Jean-Marie Bockel, c’est au tour de Jack Lang (sans parler de Dominique Strauss-Kahn) de succomber aux sirènes de Nicolas Sarkozy. Le nouveau président français n’en finit pas de vider le Parti socialiste de ses forces vives. Mais, comme le dit l’adage, d’un mal peut sortir un bien. Le PS est si mal en point qu’il est condamné à se ressaisir. Demain, il repartira sur de nouvelles bases. Ceux qui ne l’auront pas déserté auront gagné le droit de piloter son redressement.
Robert Lesgros, Colombes, France

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Sénégalais et Maliens, unissons-nous !
– Les dirigeants africains étaient réunis les 1er et 2 juillet 2007 à Accra pour un énième sommet de l’Union africaine. Parmi les multiples problèmes du continent, les 53 États membres doivent trancher entre deux conceptions de l’intégration africaine. La première, défendue par Kadhafi, prône la constitution dès maintenant des États-Unis d’Afrique avec une gouvernance commune. La seconde approche, soutenue par le président sud-africain Mbeki, envisage d’abord la consolidation des regroupements sous-régionaux qui formeraient ensuite un ensemble commun.
Entre ces deux positions, je crois plus à une troisième voie pragmatique et consensuelle. Il s’agit d’une intégration progressive à travers un nombre restreint de pays suffisamment engagés pour enclencher le processus. Les autres s’arrimeront à l’ensemble au fil des ans jusqu’à ce que l’objectif de fédérer l’ensemble du continent soit atteint.
Le Mali et le Sénégal, qui sont voisins et partisans de la réalisation immédiate des États-Unis d’Afrique, qui ont à leur tête des présidents fraîchement réélus pour un dernier mandat, peuvent s’engager dès aujourd’hui à créer une fédération dans les cinq prochaines années. Les autres pays intéressés rejoindront progressivement le mouvement.
Sénégalais et Maliens, arrêtons les discours et engageons-nous à faire renaître cette Fédération, qui sera le noyau des États-Unis d’Afrique. Parce que nous avons tant de choses qui nous rassemblent et que nos économies sont complémentaires. Parce que nous avons déjà servi d’exemple à tout le continent à travers des empires qui couvraient la sous-région et avec l’OMVS (à laquelle appartient aussi la Mauritanie), qui est un cas concret d’intégration.
Aboubacar S. Kanté, Kalabancoro, Mali

Kadhafi brûle les étapes
– Je salue la diligence avec laquelle vos reporters nous font vivre l’actualité africaine. Cela a été encore le cas avec votre envoyée spéciale à Accra, Élise Colette, dans le n° 2426. Pour revenir à l’opportunité de la création des États-Unis d’Afrique, c’est une vue de l’esprit de Kadhafi. Il veut faire rêver les Africains, en brûlant les étapes, alors qu’il faudrait commencer par la consolidation des organisations sous-régionales.
Je suis partisan de grands ensembles englobant des peuples qui partagent une histoire et des traits socioculturels communs. Kadhafi n’est qu’un mégalomane en mal de sensation, qui risque de détourner les Africains des vrais problèmes concernant le développement de leur continent. Les États-Unis d’Afrique se construiront, mais par étapes.
Abraham Ndjana Modo, Yaoundé, Cameroun

Petite corruption
– Est-il vrai, comme l’écrit Béchir Ben Yahmed (J.A. n° 2424), que les indépendances ont « lavé à grande eau nos pays de la souillure de la corruption » ? Y a-t-il vraiment eu une « phase de pureté » qui a duré dix à vingt ans ?
La petite corruption a sans doute proliféré pendant l’époque coloniale, mais le régime colonial avait au moins le mérite de bien contrôler les dépenses étatiques grâce à des organismes de contrôle empruntés à la métropole. Au lendemain des indépendances, dans la plupart des pays, ces organismes ont été démantelés ou mis sous le contrôle du président. Cela a permis l’installation rapide de la grande corruption au niveau ministériel. D’autant plus que les freins démocratiques comme la presse libre, le multipartisme ont été éliminés en même temps.
Non, en Afrique, il n’y a pas eu de « phase de pureté ». Il serait mieux d’admettre cette réalité et d’étudier les possibilités pratiques pour remettre en place les contrôles nécessaires. C’est ce qui a été expérimenté au Tchad avec les revenus pétroliers ; c’est loin d’être parfait, mais c’est un essai qui va dans le bon sens.
Peter Robertson, Riom, France

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