Takeshi Iwaya

Vice-ministre japonais des Affaires étrangères

Publié le 15 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

La cinquantaine alerte, Takeshi Iwaya, vice-ministre japonais des Affaires étrangères, est du genre ponctuel et efficace. Soigneusement préparée par l’attaché de presse de l’ambassade du Japon en France, son étape au 57 bis, rue d’Auteuil a pris des allures de visite officielle. Pas moins de six personnes accompagnaient le fringuant diplomate né en 1957 à Beppu, dans la préfecture d’Oita, venu évoquer la situation de l’Afrique, mais aussi les ambitions de son pays à l’égard d’un « continent de lumières ».

À Paris pour participer à la conférence du Groupe de contact élargi sur le Darfour, qui a eu lieu le 25 juin, ce diplômé de l’Université de Wadesa, qui se dit « sincèrement préoccupé par cette situation », tient à souligner l’importance de l’engagement « moral et matériel » du gouvernement auquel il appartient, emmené par le Liberal Democratic Party (LDP). Une enveloppe de 80 millions de dollars a déjà été débloquée pour renforcer le processus de paix dans la région, à laquelle s’ajouteront 10,5 millions de dollars pour les réfugiés et 4 autres millions en aide alimentaire. Il n’est d’ailleurs pas impossible que des Casques bleus nippons participent à une force de maintien de la paix si « les conditions sur le terrain s’y prêtent ». Cette crise, pour laquelle « un consensus international est nécessaire afin de conjuguer nos efforts », est l’occasion pour le Japon de rappeler les principes sur lesquels repose sa politique africaine. « Notre coopération est avant tout fondée sur la prévention des conflits et un développement autocentré. Ce dernier point est même un aspect important de notre politique étrangère avec les pays en développement. »
Principal donateur d’aide bilatérale au niveau mondial avec 10 milliards de dollars chaque année, le Japon souhaite, à travers ce levier, « participer au décollage des économies du Sud, que ce soit par ses soutiens au secteur privé, le renforcement des capacités humaines ou encore ses transferts de technologie », comme devrait le rappeler la IVe Tokyo International Conference on African Development (Ticad), prévue en mai 2008 à Yokohama. Destiné à établir la feuille de route de la coopération japonaise au développement pour cinq ans, ce grand rendez-vous sera l’occasion d’annoncer des mesures très concrètes, notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi de faire un « vibrant plaidoyer pour une vision positive de l’Afrique, qui connaît une croissance forte et qui est un gigantesque réservoir de matières premières ». La prochaine Ticad décernera pour la première fois le prix Hideyo-Noguchi pour l’Afrique, du nom du célèbre bactériologiste japonais (1876-1928), afin de récompenser les travaux de jeunes chercheurs africains.
Une coopération importante donc, mais aussi discrète, qui n’interdit pas d’égratigner au passage le voisin chinois. À la question de savoir ce qu’il pense de la montée en puissance de Pékin, la réponse est immédiate : « Comme le Japon, la Chine connaît à son tour un cycle de forte croissance qui ne peut que profiter à l’Afrique. Mais cette coopération manque parfois de transparence. Nous espérons qu’elle puisse être davantage compatible avec les normes internationales », explique-t-il, en référence à l’octroi par Pékin de prêts concessionnels qui contribuent au réendettement du continent.

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Pour le reste, les Japonais sont modestes. Une attitude qui remonte, selon Iwaya, à l’épouvantable épreuve de la guerre. « Nous ne faisons pas de publicité autour de nos actions. Nous avons connu une ère de très forte croissance qui a contribué au développement de la sous-région asiatique. Le prochain défi est l’Afrique. Nous souhaitons apporter une aide à la mesure de nos moyens et en partenariat avec des pays historiquement présents sur ce continent, comme la France. »

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