Mourir de chaud

Publié le 15 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Si l’on débat encore dans les sphères scientifiques de la relation exacte entre les activités humaines et les changements climatiques, du côté des responsables de la santé publique, la controverse écologique est dépassée : « Nous en savons assez pour prendre ce problème très au sérieux et nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de ses répercussions néfastes sur la santé », déclarait en 1999 le Dr Gro Harlem Brundtland, alors à la tête de l’Organisation mondiale de la santé.
Reste à savoir quelles pathologies sont susceptibles de profiter des variations climatiques, notamment en Afrique. Peu d’études statistiques fiables permettent de relier des maladies bien définies aux variations extrêmes des conditions climatiques. La seule, étayée par de nombreux travaux scientifiques, concerne l’infarctus du myocarde. Lors de la canicule d’août 2003, la mortalité relevée en France a augmenté de 60 %, avec un accroissement marqué des maladies cardio-vasculaires et des maladies respiratoires. Directement liées à l’excès de chaleur, les déshydratations augmentent aussi la survenue des calculs urinaires. Les pays du sud de la Méditerranée pourraient se trouver un jour englobés dans la fameuse « ceinture de la pierre », zone éprouvée par les lithiases urinaires dans les régions subtropicales.
Un phénomène inquiète les milieux obstétricaux : l’accentuation de la chaleur entraîne souvent une élévation sensible du taux de prématurité et une augmentation de la mortalité périnatale. Enfin, si la couche d’ozone filtrant le rayonnement solaire venait à s’amincir encore, les cataractes, maladie ophtalmique des vieillards au Nord, mais fréquente très tôt chez l’adulte en zone aride, augmenteraient en nombre ainsi que les cancers cutanés, chez les personnes à peau claire. Une chaleur intense multiplierait les intoxications alimentaires à salmonelle, mais aussi les maladies telles que la légionellose, due à des systèmes de climatisation défectueux. Enfin, la chaleur est angoissante et pourrait être facteur de crises chez les malades mentaux.
Quant aux influences indirectes des changements climatiques, elles se conjuguent à d’autres causes. L’asthme par exemple, en recrudescence dans le monde entier, peut à la fois relever de pollens voyageurs allergènes, de la pollution urbaine et du réchauffement climatique. Les incendies de forêts liés à la sécheresse en Indonésie ont augmenté de façon spectaculaire le nombre des cas d’infection respiratoire. Le paludisme en augmentation au cours des dernières décennies est signalé maintenant à des altitudes élevées où il ne sévissait jamais ; depuis les années 1970 il s’est largement développé à Nairobi pourtant situé à plus de 1 600 mètres ; il est aussi apparu sur les hauts plateaux de Madagascar. Outre le changement climatique, les soupçons se portent encore sur l’extension de la culture par irrigation, l’absence de démoustication ou la résistance possible de l’anophèle aux pesticides. Un retour de la malaria vers l’Afrique du Nord et l’Europe du Sud est prédictible. Mais l’impact du changement climatique ne se limite pas au paludisme. Un récent rapport du Giec estime que « les projections des changements climatiques affecteront probablement l’état de santé de millions de personnes, particulièrement celles à faible capacité d’adaptation ». Les enfants en bas âge et les personnes âgées, plus particulièrement. Il pointe « la modification de la répartition dans l’espace de certains vecteurs de maladies infectieuses ». Par exemple, le moustique Aedes albopictus du chikungunya qui a frappé les îles de l’océan Indien en 2006, autrefois connu des seuls entomologistes. L’insecte est parti depuis 1980 à la conquête de tous les continents ; il a même abordé les rivages de la Méditerranée.

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