Le chemin des Arabes

Publié le 15 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est pas facile d’être un Arabe (et/ou un musulman) dans le monde d’aujourd’hui. Il suffit de passer les frontières, de voyager pour s’en rendre compte. Regard méfiant, suspicieux de la police, partout
Des questions surréalistes, souvent illégales :
– Croyez-vous en Dieu ?
– Faites-vous la prière ?
– Vos numéros de cartes de crédit, votre adresse e-mail
Des contrôles serrés, des questionnaires, des fiches de renseignements
Nous sommes tous suspects. Pis, nous sommes tous coupables.
Évidemment, il suffit de voir l’image donnée de nous pour comprendre.
Regardez la télé, écoutez la radio, surfez sur Internet, lisez les journaux. Les Arabes sont des terroristes. Ils sont prêts à tuer des innocents, à faire sauter des voitures dans le centre de Londres ou d’ailleurs. Les Arabes sont intégristes, ils ne croient qu’à leur passé. Les musulmans veulent convertir de force le reste du monde. Les Arabes ne respectent pas leurs femmes. Ils inventent des fatwas et des décrets d’un autre âge. Ils ne croient pas en la culture, en la démocratie, au progrès. Ce qu’ils aiment, c’est le pouvoir, la guerre, la violence, la division. Regardez-les, entre eux, en Irak, en Palestine

C’est choquant, mais voilà ce que nous sommes devenus pour l’opinion publique mondiale.
Ce qui est choquant aussi, c’est le silence assourdissant de nos élites. Aucun de nos chefs, de nos leaders, de nos penseurs, ne répond publiquement à ce portrait apocalyptique.
J’attends une personnalité arabe qui dirait haut et fort :
« Ce que vous décrivez est partiellement vrai, mais cela ne concerne qu’une minorité. La plupart des Arabes d’aujourd’hui croient, même confusément, en la liberté, en la démocratie. La plupart des Arabes veulent avant tout du travail. La plupart des Arabes veulent vivre en paix et sont prêts à accueillir chez eux tous les étrangers du monde. La grande majorité des Arabes n’est pas islamiste, et la plupart d’entre nous condamnent avec la dernière énergie la violence terroriste (dont nous souffrons autant sinon plus que l’Occident). La plupart d’entre nous s’opposent à ces mouvements de régression qui nous éloignent du monde réel. Par expérience, la grande majorité d’entre nous savent que l’autarcie nous mènera à la ruine et au chaos. Par principe, la plupart d’entre nous croient au progrès, en l’humanité, et sont convaincus de la nécessaire égalité entre les hommes et les femmes. Tout cela ne veut pas dire que nous renonçons à notre culture, à notre religion. Tout cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas indépendants. Tout cela ne veut pas dire que nous avons abandonné nos frères palestiniens, ou que nous sommes des alliés de l’Amérique et de l’Occident. Tout cela veut dire que nous sommes faibles, que nous avons peur, mais qu’il est temps d’assumer et d’affirmer clairement la direction que nous devons prendre. Celle du progrès et de l’universalité. »

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Évidemment, pourrait conclure cet homme ou cette femme, il y a de fortes chances que ce discours soit d’un optimisme féroce. Mais posons-nous franchement la question : nous sommes au XXIe siècle. Avons-nous une autre option ? Quel autre chemin pourrions-nous prendre ?

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