Demande d’asile climatique

Publié le 15 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Sur les télévisions européennes, les images de cayucos à la dérive dans l’Atlantique et la Méditerranée risquent de tourner encore longtemps. Parmi les 945 millions d’Africains qui peuplent aujourd’hui le continent, beaucoup vont encore chercher à quitter leur pays pour vivre sous des cieux plus cléments. La faute au réchauffement climatique, machine infernale à brûler les champs et faire monter les eaux
Combien d’individus sont concernés exactement ? Difficile à dire, tant les chiffres varient selon les scénarios. Quels qu’ils soient, une chose est sûre : les populations du delta du Nil et des littoraux du Sénégal, d’Afrique orientale et du golfe de Guinée seront les premières à devoir plier bagage, face à la hausse du niveau de la mer.
« Les villes côtières, en particulier, sont menacées, précise la Tanzanienne Anna Tibaijuka, sous-secrétaire générale des Nations unies et directrice de l’agence UN-Habitat, le Programme de l’ONU pour les établissements humains. Dar es-Salaam, Maputo, Mombasa, Accra 60 % des métropoles du continent se trouvent au bord de la mer et toutes sont menacées par la montée des eaux. » En Afrique de l’Ouest, où 40 % de la population vit dans une agglomération située sur le littoral du golfe de Guinée, une élévation d’un mètre de l’océan Atlantique entraînerait, par exemple, la disparition d’une partie de Lagos, au Nigeria, tandis qu’en Tanzanie, une hausse de 50 cm de l’océan Indien submergerait 2 000 km2 du pays. Au total, ce ne sont pas moins de 70 millions de personnes qui risquent d’être confrontées à des inondations côtières à l’horizon 2080, contre 1 million seulement en 1990. Soit autant de personnes qui vont chercher à fuir le nouveau déluge qui s’annonce.
Dans les terres également, les habitants de la bande sahélienne et des hauts plateaux d’Afrique orientale risquent de devoir effectuer un voyage sans retour à cause de l’extension des zones d’insécurité alimentaire et de la progression des aires de propagation du paludisme et du choléra. En Éthiopie, au Kenya, au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie, entre 21 millions et 67 millions de personnes pourraient être touchées par la malaria en 2080 à cause de la hausse des précipitations dans des régions jusqu’ici exemptes du palu. Et au cours des trente dernières années, le désert du Sahara a progressé d’une trentaine de kilomètres vers le Sud, rendant autant de terres impropres à toute production agricole sur un continent où elles dépendent à plus de 95 % des précipitations.
Accélération de l’exode rural, repli sur les terres encore arrosées, hausse des densités de population sur des espaces fragilisés : de telles migrations ne resteront pas sans conséquences. L’afflux dans les villes de l’intérieur de nouveaux arrivants risque de conduire à une exacerbation des problèmes urbains – sida, délinquance, pauvreté – et, par ricochet, à une intensification des départs vers l’Europe. Au niveau continental, la lutte entre les paysans et les éleveurs pour l’accès à l’eau dans des milieux qui vont subir une pression anthropique accrue pourrait déboucher sur une multiplication des conflits armés.

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