Jacques le fondateur
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Qu’est-ce qu’une fondation ? L’affectation définitive d’une masse de biens – ou d’argent – à un objectif d’intérêt général. Exemple : une entreprise largement bénéficiaire, soucieuse de s’exonérer de profits exorbitants aux yeux du public – et du fisc ! – tout en valorisant la mission de ses salariés, se trouve une vocation, si possible en relation avec la nature de son activité. Elle crée alors une fondation pour financer, d’une manière en apparence aussi généreuse et désintéressée que possible, la beauté féminine et la prévention contre le sida (L’Oréal), la protection de l’environnement (Veolia), le cinéma et l’art (Peter Stuyvesant), des « passerelles entre l’entreprise et la cité » (Vinci), et j’en passe.
Parfois, ce sont des hommes qui jettent leurs puissants moyens dans la balance : si Bill Gates l’Africain et son compère multimilliardaire Warren Buffett tiennent la pole position, nombreux sont désormais les titans de l’industrie et du commerce, les François Pinault et autres Liliane Bettancourt, à les avoir rejoints.
Depuis peu, une catégorie encore inédite de « nouveaux fondateurs » est entrée en scène : ceux-là n’ont pas de moyens personnels mais, qui un nom (Rigoberta Menchú, Youssou N’Dour, Bronislaw Geremek), qui des responsabilités nationales ou internationales, présentes ou passées (Federico Mayor, Kofi Annan, Joachim Alberto Chissano, Abdou Diouf), leur permettant de lever des fonds en gratifiant les donateurs de leur très noble voisinage.
Clef de voûte de ce système inventé « pour que prévalent la paix sur les facteurs de guerre, la solidarité sur l’indifférence » et faire « progresser le monde vers un modèle de développement durable », l’ancien président Jacques Chirac vient de poser sa propre pierre sur le château de cartes – ou de billets – édifié par ses prédécesseurs, sous la forme d’une fondation à laquelle il a donné son nom, et dont ces derniers constituent le comité d’honneur. Présentée le 9 juin au musée Branly, à Paris, la fondation Chirac réunit un exceptionnel casting de politiques, d’économistes, de Prix Nobel et d’intellectuels haut de gamme.
Reste à savoir si toutes ces stars, réunies pour un petit déjeuner historique, où le président Sarkozy n’a pu s’empêcher de faire une apparition, suffiront à mobiliser les bonnes volontés et à ouvrir les coffres.
Si tel est le cas, la fondation Chirac interviendra concrètement sur quatre axes prioritaires : l’accès aux médicaments, l’accès à l’eau, la déforestation et la diversité linguistique. Sinon, l’ancien président, qui considère que « les responsabilités politiques d’un homme d’État ne s’achèvent pas avec ses mandats publics », nous aura au moins prévenus des dangers qui nous guettent
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