Pas de pitié pour les salafistes
Condamné à trois ans de prison ferme à la suite des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, Khalid Boukri, 28 ans, est décédé le 10 mai à la prison d’Outita II (à 250 kilomètres de Rabat). Il appartenait à la mouvance de la Salafiya Djihadiya. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore élucidées, mais le débat sur les conditions de détention des prisonniers de la Salafiya est relancé. Depuis plusieurs jours, les « cheikhs » les plus médiatisés de cette tendance – Hassan Kettani, Mohamed Fizazi et Abou Hafs, condamnés à des peines de vingt à trente ans de prison ferme – observent une grève de la faim. Et ne cessent de clamer leur innocence et de se présenter comme « des victimes de la justice marocaine ». L’appel à la grève qu’ils ont lancé il y a quelques semaines a été suivi par un millier d’autres détenus « salafistes ». Il aurait abouti, selon eux, au décès de Khalid Boukri.
Selon Abdelhamid Amine, président de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), ce mouvement « promet une évolution à hauts risques si les responsables marocains n’établissent pas des canaux de communication avec les détenus ». Un communiqué du ministère de la Justice, rendu public le jour même de la mort de Khalid Boukri, indique que ce dernier ne « faisait pas partie des grévistes et qu’une autopsie sera effectuée pour déterminer les causes véritables du décès ». Selon les résultats préliminaires de cette dernière, Boukri était atteint d’une « tuberculose aux intestins, qui s’est propagée au foie et aux poumons ». Selon un proche collaborateur du Dr Saïd Ouahlia, le médecin légiste qui a effectué l’autopsie, il y a eu « négligence criminelle du médecin de la prison ».
Dans un entretien accordé au quotidien Al-Ahdath Al-Maghribia, le 11 mai, le ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubaa, a affirmé que les prisonniers islamistes « veulent que les portes des prisons leur soient ouvertes. Cela est inadmissible. Les jugements prononcés à leur encontre sont définitifs… L’État ne les a jamais considérés comme des exclus. À preuve, lors des fêtes célébrant la circoncision du prince héritier, 44 détenus de la Salafiya ont bénéficié de la grâce royale, après avoir rédigé une demande écrite expliquant leur regret et leur repentir ». Concernant, enfin, le débat sur l’opportunité d’un « dialogue » avec les cheikhs de la Salafiya, le ministre a été catégorique : « Les autorités marocaines n’ont jamais amorcé de dialogue avec les détenus de la Salafiya, ni présenté la moindre garantie quant à leurs revendications. » Mais les responsables marocains ne cachent pas leur inquiétude de voir « cette affaire prendre une dimension internationale », le décès de Khalid Boukri ayant fait, le jour même, le tour de toutes les chaînes satellitaires arabes.
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