Le franc CFA au pied du mur

Publié le 15 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Les mêmes symptômes que ceux apparus dans les années 1990 et qui avaient conduit à la dévaluation du franc CFA en 1994, sont de retour.
La Côte d’Ivoire en « extrême difficulté », la chute du cours des matières premières dans les autres pays membres de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) – dont le coton, qui aurait perdu plus de la moitié de sa valeur à l’exportation -, les effets négatifs d’une mauvaise saison des pluies, ajoutés aux attaques des criquets qui ont ravagé les récoltes, la plupart des indicateurs économiques et sociaux sont au plus bas dans la zone UEMOA ; même si, et c’est l’exception (qui ne change rien cependant à la situation d’ensemble), le Sénégal arrive seul à tirer son épingle du jeu en raison des initiatives du président Wade qui n’a cessé de « vendre » son pays à l’extérieur.

Et, dans ces conditions, la plupart des experts estiment que la dévaluation du franc CFA est « inéluctable ». Pour certains, il faudrait y procéder dans les mois qui viennent (à hauteur de 30 % au lieu de 50 %, comme ce fut le cas en 1994), pour rendre les exportations plus compétitives et renflouer les caisses de l’État.
L’autre avantage qu’ils voient dans la dévaluation réside dans le fait qu’une telle mesure viendrait relancer la production endogène, les consommateurs des pays membres se trouvant dans l’obligation de produire et de consommer local.
Et de citer, en exemple, la situation dans la plupart des anciennes colonies anglophones qui battent leur propre monnaie ; ces pays n’importent quasiment plus leurs produits alimentaires ; ils ne consomment que ce qu’ils produisent, réalisant ainsi d’importantes économies de devises.
Pour d’autres, dévaluer serait réduire le pouvoir d’achat des populations et aller vers une nouvelle impasse, comme celle que nous vivons actuellement, du fait de la dévaluation de 1994. Ils estiment qu’une telle mesure provoquera des explosions sociales, comme celles que le Niger vient de connaître.

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En tous les cas et pour se prémunir d’une dévaluation dont le calendrier reste à fixer, certaines multinationales et entreprises ont entrepris de transférer leurs avoirs à l’étranger, ne conservant plus sur place que le strict minimum.
Après la dévaluation de 1994, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, Charles Konan Banny, comme pour rassurer gouvernements, investisseurs et dirigeants de la zone UEMOA, avait promis qu’il démissionnerait si une nouvelle dévaluation intervenait. Aujourd’hui, il est au pied du mur, après avoir échoué dans sa tentative de sauver la défunte compagnie multinationale Air Afrique et d’en recréer une nouvelle…

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