Anathèmes et menaces

Publié le 15 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Prosélytisme, apostasie, invasion messianique… Le phénomène des conversions au christianisme suscite des réactions violentes en Algérie. Le président du HCI (Haut Conseil islamique), Cheikh Bouamrane, y voit la main des Américains. « L’Église méthodiste est derrière la campagne d’évangélisation des jeunes Algériens », a-t-il déclaré à la radio d’État. Un rapport a été adressé au président Bouteflika. « Nous avons la confirmation que des éléments de cette Église protestante ont installé des « foyers mobiles » pour convertir des familles algériennes pauvres mais aussi des jeunes qui ont exprimé le besoin de partir à l’étranger, notamment au Canada et aux États-Unis, et qui sont prêts à se convertir au christianisme pour obtenir un visa », indique Bouamrane.
Dans certaines mosquées, les propos des imams vont au-delà de la simple dénonciation : ils frisent l’appel au meurtre contre ces « nouveaux missionnaires » et contre les journalistes qui osent rendre compte de leur action. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale pendant l’été 2004, un député islamiste du Mouvement pour la réforme nationale (MRN-Islah) d’Abdallah Djabbalah a interpellé le ministre des Affaires religieuses en ces termes : « Est-il normal que les autorités traquent dans les mosquées ce qu’elles appellent du prosélytisme islamiste, sous prétexte que cela nourrit le terrorisme, alors que toutes les portes sont ouvertes pour convertir notre peuple au christianisme au vu de tous ? »
Réponse embarrassée du ministre : « La Constitution algérienne garantit la liberté de culte. » Ce qui ne l’avait pas empêché, dans une précédente intervention publique, de tirer à boulets rouges sur les « partis laïcs » algériens et le mouvement culturel berbère, coupables à ses yeux de propager l’Évangile en terre d’islam. Pour Mgr Tessier, archevêque d’Alger, les conversions ne sont pas le fait de l’Église catholique d’Algérie. « Ce n’est pas nous qui les avons suscitées, ni qui en assurons la promotion. Nous ne les avons pas organisées et nous ne les animons pas », a-t-il déclaré après que cette vague de conversions a été évoquée lors de l’assemblée interdiocésaine d’Alger en septembre 2004. « La principale question pour nous a été de savoir quelle position prendre par rapport à ces nouveaux groupes. Il y a deux attitudes. La première est d’être fraternel avec tout le monde. La deuxième est que nous ne voulons pas que se développe un christianisme opposé à l’islam en Algérie », affirmait à l’époque Mgr Tessier.

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