Les étoiles du continent
La Coupe d’Afrique des nations est le grand rendez-vous des vedettes du football africain. Elle est aussi le champ de confrontation entre seize entraîneurs qui ne ressemblent pas, ne partagent pas les mêmes idées et surtout ne bénéficient pas du même traitement. Sur les stades égyptiens s’affrontent du 20 janvier au 10 février huit techniciens venus d’Europe et neuf Africains dont trois peuvent se flatter d’avoir effectué un parcours de joueur et d’entraîneur de grand intérêt.
Kalusha Bwalya, 42 ans, Zambie
Le leader des Chipolopolo
Kwangju, république de Corée, 19 septembre 1988. Le tournoi de football des jeux Olympiques de Séoul bat son plein. La Squadra azzura italienne, composée de vedettes millionnaires du calcio, affronte l’équipe de Zambie. L’ailier gauche au maillot orange, Kalusha Bwalya, fils de mineur et joueur professionnel depuis décembre 1985 au Cercle de Bruges, inscrit trois buts sur les quatre marqués par les siens : 4-0 ! La Zambie accède aux quarts de finale, mais elle s’effondre face à l’Allemagne (0-4). Il n’empêche : « Kalu » est élu meilleur footballeur africain de l’année.
Il rejoint le club huppé de Philips Sport Verenigging Eindhoven (PSV), où il forme, avec le célèbre Brésilien Romario, un tandem d’attaquants percutants. Pièce maîtresse du onze de Zambie, Kalu est aussi de toutes les campagnes africaines. Certes, il rate la CAN 1990, mais est titulaire deux ans après au Sénégal. En avril 1993, à l’occasion des éliminatoires de la World Cup USA 1994, la Zambie doit affronter le Sénégal, à Dakar. Kalu prend l’avion à Amsterdam. Les dix-huit autres membres de la sélection, les entraîneurs et les dirigeants embarquent à Lusaka dans un avion militaire. Le 24 avril, l’aéronef explose après son décollage de Libreville. Aucun survivant. Après le deuil, la Zambie entreprend de reconstruire une sélection nationale compétitive. Onze mois plus tard, Bwalya et ses jeunes frères disputent, à Tunis, la finale de la CAN 1994.
Juillet 1994, Kalu (il est né le 16 août 1963) répond à une offre du club America de Mexico où le rejoignent les Camerounais François Omam-Biyik et Jean-Claude Pagal. Une expérience formidable qu’il prolonge jusqu’en 1997 avant de se faire enrôler par Necaxa, un autre club mexicain. En 1998, il change de continent et se retrouve à Al-Wahda, aux Émirats arabes unis, mais ne va pas au terme de son contrat et retourne au Mexique. Sa carrière de joueur se termine en 2000. Il suit des cours d’entraîneur aux Pays-Bas, où résident sa femme et ses deux filles Olly et Sarah. Diplômé par la fédération néerlandaise, il s’en va à Potros Marte, Mexique, revient se perfectionner aux Pays-Bas en 2003 puis reprend une formation d’instructeur à Boston. L’UEFA lui délivre une licence d’entraîneur. Ses compétences sont reconnues par la Fifa, qui lui confie des missions. En Zambie, il accède à la vice-présidence de la fédération et prend en main la sélection : les Chipolopolo. Elle est présente en Égypte, où le coach Kalu fait ses débuts en Coupe d’Afrique.
Hassan Shehata, 56 ans, Égypte
Le maestro du Nil
Des bacchantes drues ornent un visage hâlé couronné par une coiffure afro et éclairé par un large sourire et une dentition d’une blancheur immaculée… Hassan Shehata aime soigner sa mise tout comme, footballeur, il peaufinait son style. Toujours en quête du geste technique ciselé. Hassan Shehata est un enfant du Caire où il est né le 19 juin 1949. À 18 ans, il porte fièrement le maillot blanc et rouge de Nadi Ezzamalek. Mais l’arrêt de la compétition en Égypte aux lendemains de la guerre des Six-Jours le contraint à s’exiler au Koweït où il est embauché par Al-Kadhima.
En 1971, Shehata retrouve le club de ses premières amours. Il lui sera fidèle jusqu’en 1983. Il est présélectionné en 1972. En 1974, l’Égypte accueille la IXe Coupe d’Afrique. Les Pharaons balaient les obstacles avant de fléchir en demi-finale face aux Léopards du Zaïre (2-3). Ils se rachètent en match de classement face au Congo : 4-0. Shehata est élu meilleur joueur du tournoi.
Deux ans plus tard, sur les hauteurs d’Éthiopie, il dispute sa deuxième CAN. Cette fois-ci, les performances sont en dents de scie, et l’Égypte finit à la 4e place. Avec Ezzamalek, Shehata est meilleur buteur du championnat national en 1976-1977 et 1979-1980. Il est champion en 1977-1978 et remporte trois coupes en 1975, 1977 et 1979. En 1980, au Nigeria, il est au rendez-vous de sa troisième CAN, mais doit encore se contenter de la quatrième place. Sa carrière internationale prend fin en 1981.
Hassan reste à Ezzamalek où on lui confie, de 1983 à 1985, l’équipe des moins de 20 ans. De 1986 à 1994, il est en service successivement au Nadi Al-Khaleej (Émirats), au Mareekh (Égypte), à Shoutra (Oman), à Al-Ittihad d’Alexandrie et de nouveau à Shoutra. Il revient en 1995 à Ezzamalek, qu’il quitte pour Menia, Sharquia, Nadi Al-Shams et Suez. Les moustaches et les cheveux ont blanchi lorsqu’en 2001 on lui confie l’équipe d’Égypte des moins de 20 ans. Ses troupes sont championnes d’Afrique en 2003 et participent au championnat du monde. De retour de ce Mondial des jeunes, Shehata est embauché par Al-Muqawilun Al-Arab (Arab Contractor’s) qui végète en division II. Il lui fait gagner la Coupe et la Supercoupe d’Égypte en 2004. Le 28 novembre, la fédération égyptienne limoge l’Italien Marco Tardelli et demande à Shehata d’assurer l’intérim. Elle le confirme, deux mois plus tard, dans ses fonctions jusqu’à fin 2006. Shehata n’a pas de recette miracle. L’Égypte n’évite pas l’élimination du Mondial 2006, mais, de novembre 2004 à décembre 2005, elle gagne douze rencontres, en perd trois et fait match nul à deux reprises, totalisant 38 buts pour et 13 contre. De quoi aborder sans appréhension, mais sans excès d’optimisme, la XXVe CAN.
Stephen Okechukwu Keshi, 43 ans, Togo
Big Boss chez les Éperviers
Stephen Keshi (il est né le 23 janvier 1962 à Lagos) fait partie du gotha africain. Jeune collégien, il est le capitaine de l’équipe de foot du Saint Finbarr’s College, d’où sont « sorties » d’autres vedettes du ballon comme Samson Siasia ou Henri Nwosu. Plus tard, capitaine de son équipe, Keshi gagne ses galons d’international à part entière chez les Green Eagles. À la CAN 1984, en Côte d’Ivoire, le Nigeria atteint la finale après avoir éliminé le Ghana et l’Égypte. Las, Roger Milla et ses frères mettent fin à l’ambition des Aigles. La CAN 1988 sera l’occasion de retrouvailles avec Roger Milla et le Cameroun. De nouveau, les Nigérians échouent en finale. Entre-temps, Keshi a émigré en Belgique. À son palmarès avec le richissime Anderlecht, deux coupes et un titre de champion.
En avril 1994, après un passage au Racing Club de Strasbourg, il gagne la CAN à Tunis. Il s’embarque en juin pour la World Cup USA 1994, mais ne dispute qu’un match face à la Grèce à Boston (2-0). Il décide de s’installer avec sa femme et ses cinq enfants à San Francisco. En 1997 en Californie, il devient entraîneur par accident, en s’occupant des jeunes de la High School de sa fille Jennifer. La fédération américaine l’envoie effectuer un stage aux Pays-Bas. Il est ensuite détaché auprès du football universitaire. La Nigeria Football Association (NFA) le récupère en 1999 et en fait l’adjoint du coach néerlandais Jo Bonfrere puis de son successeur Amodu Shaibu. Il occupe le poste jusqu’en février 2002. Après deux ans de chômage, sa route croise celle des Éperviers du Togo. Avec le succès que l’on sait. Sa force : la sérénité. Sa recette : jouer au ballon, construire, attaquer… Pas mal pour un ancien pilier défensif.
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