Le retour du cinéma politique

Publié le 15 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Lors du passage d’une année à l’autre, les films qui retiennent l’attention sont traditionnellement des films pour enfants ou en tout cas des films très consensuels. Parmi les sorties récentes, on a donc eu droit cette année au quatrième épisode de l’inusable Harry Potter, à un nouveau remake de King Kong, au deuxième volet des aventures africaines du sympathique Kirikou ou à l’arrivée remarquée du Monde de Narnia : chapitre 1. Un cru plutôt moyen, assez peu inventif de l’avis des amateurs de spectacles
familiaux. La surprise dans les salles, fin 2005 et début 2006, est venue d’ailleurs : les
films grand public qui ont fait le plus événement sont surtout des films politiques et sociaux sur des sujets « dérangeants ».
En France, par exemple, les grandes productions anglo-saxonnes qui ont fait parler le plus d’elles ces dernières semaines appartenaient toutes à cette dernière catégorie. L’une, The Constant Gardener, racontait, à partir d’un roman à suspens de John Le Carré, les mésaventures tragiques d’un diplomate britannique et de sa femme qui deviennent des cibles jusqu’à en perdre la vie pour avoir entrepris de dénoncer des expérimentations dangereuses de multinationales pharmaceutiques en Afrique de l’Est. Lord of War, pour sa part, se présente comme une autobiographie à grand spectacle d’un marchand d’armes américain d’origine ukrainienne qui achète et vend sans état d’âme au plus offrant des tonnes d’armes récupérées en général dans les anciens pays du bloc communiste. Enfin, avec Good Night, and Good Luck, le célèbre acteur George Clooney, pour sa seconde réalisation, raconte le combat contre l’obscurantisme et pour la liberté de la presse du journaliste de télévision Ed Murrow : ce chroniqueur vedette de CBS s’opposa courageusement dans les années 1950 à la chasse aux sorcières anticommuniste de fait
contre toute la gauche menée aux États-Unis par le sinistre sénateur McCarthy.
Trois films de combat, qui sont, par certains de leurs aspects, très contestables. Les deux premiers, notamment, présentent une vision du monde des plus simplistes, tout particulièrement dès qu’il s’agit de l’Afrique. Quant au troisième, celui de Clooney, de loin le plus estimable, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’apprendra pas grand-chose sur le maccarthysme et son contexte aux spectateurs férus d’histoire. Mais l’important est sans doute que ces sorties simultanées témoignent d’un retour au premier
plan du cinéma politique engagé. Et plus seulement au niveau du documentaire, à la suite de Michael Moore, mais même dans le domaine de la fiction grand public. Tout particulièrement aux États-Unis, où ce genre avait déserté les écrans depuis très longtemps, jusqu’à disparaître presque totalement après le 11 Septembre.

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