Ils vont faire le spectacle

Publié le 15 janvier 2006 Lecture : 5 minutes.

Drogba, Adebayor, Gmamdia, Martins, Mantorras partagent un point commun : celui de disputer en Égypte leur première Coupe d’Afrique des nations. À eux cinq, ils constituent la fine fleur du football africain. Tous évoluent dans les plus grands championnats européens. Titulaires dans leurs clubs respectifs – des écuries qui comptent parmi les plus grosses cylindrées du Vieux Continent -, ils en sont même parfois la star incontestée. Revue de détail des « bleus » de la CAN.

Didier Drogba
27 ans, Côte d’Ivoire

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Le canonnier ivoirien
« Il est grand temps de mettre fin aux discussions et aux reproches faits à mon entraîneur et à mon employeur, le Chelsea Football Club. J’irai à la CAN avec l’aval de mon coach. » Le 5 décembre 2005, Didier Drogba levait toute ambiguïté en affirmant sur son site Internet qu’il participerait bien à la Coupe d’Afrique des nations. Il faut dire qu’à 27 ans le gamin de Yopougon n’aurait manqué l’événement pour rien au monde. Au pays des Pharaons, Drogba goûtera pour la première fois de sa carrière aux joies d’une phase finale d’une compétition internationale d’envergure. Une carrière commencée sur les terrains de France, au cours de la saison 1998-1999, avec le club du Mans, et qui le mène successivement à l’En Avant Guingamp (EAG), puis à l’Olympique de Marseille (OM). Là, Drogba donne toute la mesure de son talent : lors de la saison 2003-2004, il inscrit 18 buts en 35 matchs de championnat et mène l’OM en finale de la Coupe d’Europe de l’UEFA. Didier serait bien resté sur les bords de la Méditerranée, mais ses exploits européens ont résonné jusqu’à Londres. En 2004, le FC Chelsea a déboursé 37 millions d’euros pour s’attacher ses services. Depuis, le canonnier ivoirien fait le bonheur des Britanniques… Comme celui de ses compatriotes à chaque fois qu’il enfile le maillot orange des Éléphants.

Sheyi Emmanuel Adebayor
21 ans, Togo

Le pivot des Éperviers
C’est une très lourde tâche qui attend Emmanuel Adebayor pour sa première participation à une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. À 21 ans, l’avant-centre va devoir assumer le rôle de leader des Éperviers togolais lors d’une compétition qu’il n’a encore jamais disputée. Comment relèvera-t-il le défi, compte tenu de sa jeunesse et des doutes qui l’assaillent actuellement ? Depuis le début de la saison, il reste inefficace dans la surface de réparation : il n’a marqué qu’un seul but en vingt journées de championnat. Il souhaite quitter l’AS Monaco, mais son transfert n’est pas finalisé à l’heure actuelle. En dépit de cette situation, force est pourtant de constater que « Manu » a déjà acquis une belle expérience, dont il devrait pouvoir faire profiter ses coéquipiers. À Monaco, il a toujours été un titulaire indiscutable, ce qui lui a permis de participer, entre autre, à l’épopée des rouge et blanc en ligue des champions lors de la saison 2003-2004. Les Monégasques avaient alors été jusqu’en finale de la plus relevée des compétitions européennes. En sélection également, Adebayor a commencé à engranger des performances dignes des futurs grands, terminant meilleur buteur des éliminatoires pour la Coupe du monde et la CAN 2006 (11 buts).

Haykel Gmamdia
24 ans, Tunisie

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L’épreuve de vérité
Haykel Gmamdia est un des grands espoirs du football tunisien. Jeune, talentueux, et surtout réaliste, l’attaquant a fait les beaux jours du Club sportif sfaxien (CSS), avec lequel il a remporté un titre de champion (en 2004-2005) et une coupe arabe (en 2004). Meilleur buteur du championnat de Tunisie l’an passé, avec douze réalisations, régulièrement convoqué en sélection par Roger Lemerre, Gmamdia a attiré les convoitises des recruteurs étrangers. Désireux de s’expatrier, pour s’aguerrir en se frottant aux défenses européennes, il a pris la direction du RC Strasbourg. Mais voilà : trop timide, abonné au banc des remplaçants, décevant lorsqu’il entre en jeu, Gmamdia, qui n’a toujours pas marqué, a rapidement perdu la confiance de son entraîneur. Strasbourg, en crise, est aujourd’hui la lanterne rouge. Paradoxe : muet en club, Gmamdia brille en équipe nationale et marque à pratiquement chacune de ses sorties (sauf contre le Maroc). Il vient encore d’inscrire deux buts, en novembre, au Caire, contre les Pharaons. Il est devenu indiscutable à la pointe de l’attaque des Aigles de Carthage, éclipsant même le Tuniso-Brésilien Santos. Gmamdia veut marquer cette XXVe CAN de son empreinte pour rebondir et prouver aux Strasbourgeois qu’il vaut mieux que ce qu’il a montré jusqu’à présent.

Obafemi Martins
21 ans, Nigeria

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À l’école italienne
Obafemi Martins est sans doute le plus Italien des Super Eagles. À seulement 21 ans, il évolue dans la péninsule depuis huit ans déjà… Et vient de prolonger, le 20 décembre 2005, son contrat avec l’Inter de Milan pour quatre nouvelles saisons. Repéré à Lagos par le frère de l’ancien international nigérian Sunday Oliseh, Obafemi rejoint, en 1998, le Reggiana AC, un club de troisième division. Trois ans plus tard, sous les couleurs du prestigieux club lombard, il fait ses grands débuts en Série A – la première division italienne, l’une des plus relevées d’Europe – en décembre 2002. Depuis, le numéro 30 de l’Inter s’est affirmé comme un élément clé de son équipe, notamment lors de la saison 2004-2005. Toutes compétitions confondues, Martins a inscrit 22 buts en une quarantaine de matchs. Après avoir fait taire les mauvaises langues qui l’accusaient de ne pas vouloir évoluer en sélection, le joueur formé à la rigoureuse école italienne devrait, en Égypte, donner du fil à retordre aux défenses africaines. Le Rwanda, qui a affronté le Nigeria à deux reprises lors des éliminatoires, peut en témoigner : à lui tout seul, Obafemi a envoyé trois fois le ballon dans ses filets…

Pedro Manuel Torres, dit Mantorras
23 ans, Angola

Tête brûlée
La perle angolaise qui fait aujourd’hui les beaux jours du Benfica de Lisbonne doit son surnom de Mantorras – « l’homme brûlé », en portugais – au grave accident qu’il a eu à 13 ans, lorsqu’il s’est ébouillanté avec une assiette de soupe. Une mésaventure symptomatique des difficiles débuts dans la vie de ce gamin de Luanda, né en pleine guerre civile, orphelin à 15 ans et déraciné au Portugal, où il émigre alors. C’est pourtant là qu’il va réussir à stabiliser son parcours, jusque-là plutôt mouvementé. Repéré en 1998 lors du tournoi de la Lusophonie, il est recruté par le club d’Alverca, où éclôt son talent. Ce qui lui vaut, trois ans plus tard, d’être transféré au Benfica. Mais il se blesse à plusieurs reprises en 2001 et 2002 et passe le plus clair de ses deux premières saisons sur le banc de touche. Aujourd’hui, celui que ses fans considèrent comme le digne successeur d’Eusebio, le buteur mozambicain des années 1960, tâche de rattraper le temps perdu…

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