Bush peut-il encore sauver les meubles ?

Publié le 15 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Selon un sondage Gallup, le pourcentage d’opinions favorables au président George W. Bush était au début de décembre de 42 %. Au même moment de leur présidence, Bill Clinton en recueillait 56 %, Ronald Reagan 63 % et Lyndon Johnson tout autant. Seul Richard Nixon faisait moins bien (30 %).
Bush se vante de ne pas gouverner en fonction des sondages. Pourtant, sans le soutien de l’opinion, ses possibilités d’action sont limitées. Surtout en politique intérieure. Et les choses ne risquent pas de s’améliorer avec la poursuite de l’enlisement des troupes américaines dans le bourbier irakien et l’éventualité de nouvelles révélations sur les opérations de la CIA. Il lui faut absolument réagir.

Pour rétablir sa position dans les sondages, Bush aurait tout intérêt à s’inspirer de l’exemple de Ronald Reagan. Après le scandale de l’Irangate, celui-ci s’était adressé humblement au peuple américain, avait ouvert ses portes au Congrès, s’était assuré de la collaboration de personnalités respectées afin de redorer le blason de son administration et avait tendu la main aux démocrates. La situation n’est certes pas exactement la même aujourd’hui : l’affaire Iran-Contra était illégale en droit américain, l’Irak ne l’est pas ; l’affaire Iran-Contra était close, le problème irakien est loin de l’être. Néanmoins, la manière dont Reagan est parvenu à remonter la pente reste un modèle du genre. Le peuple américain veut de bonnes raisons de faire à nouveau confiance à son président. Il est possible que les dirigeants du Parti démocrate repoussent ses avances, mais ce ne serait pas forcément le cas de certains démocrates de premier plan.
Il y a des indications que Bush prépare un tel changement de style. Ses récents discours et son intervention télévisée sur l’Irak étaient directement inspirés par le précédent Reagan : Bush se montrait humble, admettait ses erreurs, reconnaissait la difficulté de la situation et demandait pourtant au peuple de lui conserver sa confiance. Les sondages qui ont suivi ont fait apparaître une remontée des opinions favorables. Las, confrontée à la polémique sur les écoutes clandestines, la Maison Blanche est vite retombée dans ses vieux travers…

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Un changement de style crédible et durable exige des changements de personnel. Après cinq années au pouvoir, l’administration paraît usée et à court d’idées. Bush devrait envisager de remplacer Donald Rumsfeld, son secrétaire à la Défense, par une personnalité moins controversée, peut-être un démocrate comme Joe Liberman, qui n’a jamais caché sa volonté de « tenir bon » en Irak. Le personnel de la Maison Blanche a besoin de renforts, et le Trésor de sang neuf. Le changement le plus important serait de faire entrer au département de la Justice des personnalités respectées qui conseilleraient le président sur les limites à ne pas franchir.
Pour mettre au point un calendrier de retrait de l’Irak, Bush a besoin d’un soutien bipartisan. N’ayant plus les moyens de mettre au pas le Congrès, il lui faut également un soutien bipartisan pour faire adopter des mesures de politique intérieure. S’il reprend à son compte les propositions des démocrates modérés, une réforme fiscale est encore possible. À défaut de ce soutien élargi, il risque fort d’être condamné à l’impuissance jusqu’à la fin de son mandat.

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