Pékin se renforce sur le continent
La Chine réoriente la plupart de ses investissements sur le continent vers les infrastructures.
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« Nos usines tournent moins vite et nos achats de matières premières, notamment africaines, vont baisser en attendant que l’économie mondiale se redresse », a expliqué le Dr He Wenping, directrice du Bureau des affaires africaines à l’Académie des sciences sociales de Chine à l’occasion d’une conférence organisée par l’Institut français des recherches internationales (Ifri), le 8 décembre à Paris. Mais cette « voix autorisée » s’est voulue rassurante en indiquant que « l’argent épargné devrait être transféré sur les projets d’infrastructures en Afrique » pour lesquels les investissements chinois sont passés de 1 milliard de dollars en 2001 à près de 6 milliards par an en moyenne pour les années 2006 et 2007. Un montant qui permet aujourd’hui à Pékin de revendiquer le rôle de premier partenaire du continent. « Nous estimons que les Africains sont maîtres de leur destin. Nous leur proposons une aide qui est débloquée très rapidement et qui n’est pas liée à des conditionnalités, comme celle des Occidentaux », ajoute Xu Weizhong, qui dirige le département africain à l’Institut des relations internationales contemporaines de Chine.
Une main-d’uvre docile
Ces investissements, qui jouent un rôle fondamental comme levier de croissance, sont réalisés par des grandes sociétés publiques comme la China Road and Bridge Corporation, la Chinese Overseas Engineering Corporation, la China National Electronics Import and Export Company. Et sont financés par les ressources de l’intarissable Banque (publique) de crédit à l’exportation (EximBank), qui accorde des taux préférentiels de 2 %. Entre 2000 et 2006, les groupes chinois ont construit plus de 6 000 km de routes, plus de 3 000 km de rails sur le continent et un nombre impressionnant de bâtiments administratifs, stades, écoles, hôpitaux et logements sociaux. Des chantiers très controversés, notamment parce qu’ils sont réalisés en grande partie par de la main-d’uvre chinoise « Nous entendons régulièrement cette critique, avoue He Wenping. Mais notre main-d’uvre présente beaucoup d’avantages : une grande discipline, un labeur incroyable, un très faible absentéisme et l’acception de conditions de vie précaires. Les ouvriers, qui font les trois-huit, partagent un même lit. » Une réflexion très pragmatique qui ne laisse guère de doutes sur le peu de cas fait des conditions sociales.
Autre critique récurrente : l’importation des produits de construction. « C’est une nécessité, répond vigoureusement le chercheur. Le sac de ciment de 50 kg importé de Chine revient à 4 dollars, alors que lorsque nous l’achetons sur place il nous revient à 10 dollars. » Après l’Angola, le Gabon, le Congo, la République démocratique du Congo, la Chine négocie actuellement d’importants projets d’infrastructures avec le Nigeria, l’Égypte et la Tanzanie. D’après Pékin, le continent accuse un déficit d’investissement de 20 milliards de dollars par an dans le domaine des infrastructures. Un marché que l’empire du Milieu ne souhaite pas laisser aux autres
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