Tunisie : le long combat contre la pauvreté
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De l’avis unanime des observateurs indépendants, la Tunisie a fait beaucoup de progrès dans la redistribution des ressources nationales au bénéfice des pauvres. Comparés à ceux réalisés par des pays comparables en Afrique et au Moyen-Orient, ces progrès sont même tout à fait remarquables (voir infographie). Le « cas tunisien » mérite décidément d’être analysé plus en détail.
Le combat contre la pauvreté a commencé dès le début de la planification économique, en 1961. Les chiffres officiels sont révélateurs : au début des années 1960, le nombre des « très pauvres » (héritage de la colonisation française) était estimé à 42 % de la population. Soit environ 2,2 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ce seuil « national » est calculé en fonction de la consommation alimentaire
« minimale » (en termes de calories) et des dépenses d’habillement et de logement. Il est révisé tous les cinq ans, grâce à des enquêtes périodiques sur le budget la consommation des ménages (la prochaine aura lieu en 2005). Il se situe actuellement entre 250 et 500 dinars(*) par habitant et par an, selon la zone de résidence (campagne ou ville), ce qui représente environ entre 20 % et 40 % de la dépense moyenne nationale (1 330 dinars en 2000).
Le nombre des « très pauvres », ceux qui vivent avec moins de 1 dinar par personne et par jour, est tombé à 8 % en 1985, soit environ 600 000 personnes (73 % en vingt-quatre ans), et à 400 000 personnes en 2000 ( 33 % en quinze ans).
Au-delà de cette extrême pauvreté, la Banque mondiale s’intéresse dans son dernier rapport sur la Tunisie (juin 2004) à la situation des personnes dont les revenus se situent juste au-dessus du seuil minimal de pauvreté et qui vivent dans « des conditions économiquement vulnérables ». Ces « pauvres » représentent aujourd’hui 6 % de la population totale, contre 8 % en 1990. En y ajoutant la catégorie des « très pauvres »,
on obtient, en 2000, le taux global de 10 % de la population, soit 1 million de personnes (contre 16 % et 1,3 million, en 1990). 60 % d’entre eux vivent en zone rurale (contre 72 % en 1990). Fait nouveau et inquiétant, la pauvreté en zone urbaine s’est donc, en
proportion, accrue, avec des conséquences perceptibles (multiplication des vols, par exemple).
* Il s’agit de dinars courants. Taux de change actuels : 1 dinar = 0,64 euro, ou 0,79 dollar.
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