Tous aux écoutilles !
Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.
Me voici à Philadelphie (États-Unis) pour interviewer John Joker-Hoax, businessman local qui a eu une idée géniale. Si elle marche, son idée, il aura d’un seul coup résolu trois problèmes qui affligent les économies modernes : les dépenses de santé, la criminalité et la crise du logement. Rien que ça !
J. J.-H. reçoit l’envoyé spécial de L’intelligent, les pouces passés dans les bretelles, le cigare au bec, l’oeil républicain. L’interview peut commencer.
– Mister Joker-Hoax, j’y crois pas, à vot’ truc. Comment ça marche ?
– Well, c’est très simple. Des économistes ont calculé récemment que, pour une personne âgée, l’État et les compagnies d’assurances déboursent plus en dépenses de santé que le prix d’une croisière en paquebot de luxe.
– Vraiment ?
– Étonnant, non ? Du coup, je fais construire vingt paquebots au Pakistan…
– À crédit, bien sûr…
– Bien sûr. Et j’y fourre vingt mille pépés et mémés qui ne demandent pas mieux que de danser la rumba au large de la Jamaïque en sirotant leur cocktail de médicaments et de vitamines. L’État et les assureurs me payent le prix de la virée – inférieur, donc, au prix d’une chambre d’hôpital. Tout le monde y gagne !
– Et les infirmières ?
– Je les importe des Philippines en leur promettant des maris à héritage sur les rafiots et je les paie en peanuts. Maintenant, écoutez-bien : qui mets-je dans la salle des machines, à enfourner le charbon dans la chaudière ? Je vous le donne en mille.
– Euh…
– Des prisonniers ! Au lieu de croupir à Alcatraz ou Sing-Sing, ils seront ravis de trimer dur en zyeutant le vaste océan par les hublots. Pendant ce temps, je fais coup double : un, je transforme les cellules de prison en piaules d’étudiants – la différence n’est pas énorme ; deux, je loue les appartements des vieux (qui se trémoussent sur mes bateaux) aux yuppies de Floride et de Californie. Énormes profits garantis. Et fin de la crise du logement.
– Bravo !
– Je ne vous le fais pas dire. Mais j’ai gardé le plus beau pour la fin. Vous savez comment je vais nommer mes bateaux ? Titanic II, Titanic III, Titanic IV, etc. Un bon petit iceberg baladeur et j’ai également résolu un quatrième problème des pays riches : le vieillissement des populations…
