Pour une union douanière entre l’Algérie et la Tunisie

Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est un secret pour personne que l’Union du Maghreb arabe (UMA) est moribonde depuis de longues années. Malgré les réunions des experts et parfois des ministres des cinq pays, le conflit du Sahara occidental continue à empoisonner les relations entre deux pays clés : l’Algérie et le Maroc. Avec l’échec du plan Baker proposé par l’ONU et la reconnaissance par le plus puissant pays africain, l’Afrique du Sud, de la République sahraouie, les portes sont maintenant verrouillées pour le Maghreb.
Tous les facteurs qui militent pour une union maghrébine, communauté de langue, de culture, d’histoire, d’intérêts économiques, n’ont pas résisté à ce conflit qui dure depuis des décennies.
Faut-il se croiser les bras ? Pour nous, Maghrébins, qui croyons fermement à un avenir communautaire, faut-il accepter un statu quo qui risque de geler pendant des décennies encore la construction d’un Maghreb uni ? Faut-il trahir l’idéal qui nous a animés depuis notre jeunesse et a animé les générations de militants avant nous ?
Ma réponse est : non.
Dans le contexte actuel de déchirement entre l’Algérie et le Maroc, entre la Libye et la Mauritanie, la Tunisie a montré qu’elle est le pays qui a su garder de très bonnes relations de voisinage et de coopération avec les pays de la région. C’est à elle qu’incombe maintenant le devoir de faire avancer le Maghreb.
À la suite de la réunion récente de la Commission mixte présidée par les Premiers ministres algérien et tunisien, on peut espérer qu’une nouvelle page de coopération étroite va s’ouvrir entre l’Algérie et la Tunisie. Cette coopération devrait déboucher sur la création rapide d’une union douanière entre les deux pays.
Les avantages mutuels d’une telle union sont immenses. Contrairement aux préjugés, les économies des deux pays sont complémentaires et non concurrentes. L’Algérie est riche en hydrocarbures (et n’a pas hésité à en faire bénéficier la Tunisie en faisant passer le gazoduc vers l’Italie sur le sol tunisien, ce que la Libye n’a pas voulu faire avec le projet Mellitah-Gela qu’on a préféré faire passer sous la mer). La Tunisie, pays net importateur d’énergie, a des besoins grandissants en hydrocarbures. L’Algérie, malgré les progrès récents, a une agriculture qui est loin de nourrir sa population, alors que la Tunisie a des excédents agricoles de plus en plus variés. Le tourisme tunisien attire tous les ans un grand nombre de visiteurs algériens, et le Sahara peut devenir un centre commun d’attraction des touristes européens au bénéfice des deux pays. Les entreprises tunisiennes peuvent participer substantiellement aux efforts de construction de l’Algérie nécessités par des besoins de plus en plus grands.
En quelques années, cette union pourrait déboucher sur un marché commun et une union monétaire, avec les économies en devises qu’elle pourrait engendrer et l’attraction énorme sur les investissements directs extérieurs.
Qui pourrait objecter à un tel dessein ?

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