Obligation de résultats

Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les Comores sont aujourd’hui convalescentes. Après sept années de crise institutionnelle, l’archipel a finalement su résister aux fièvres séparatistes qui ont menacé son unité pendant plusieurs années. Avec la tentative de sécession d’Anjouan, en août 1997, les plus pessimistes ont bien cru que l’État comorien, déjà amputé de Mayotte lors de son accession à l’indépendance, ne survivrait pas. Autant dire que l’Union revient de loin. D’ailleurs, elle n’est pas encore complètement sauvée, tant le processus qui a conduit à la réunification du pays demeure fragile.
D’Antananarivo en avril 1999 à Moroni en décembre 2003, sans oublier Fomboni en février 2001, les protagonistes de la crise ont déjà signé de multiples accords, n’hésitant pas ensuite à les remettre en question à la première occasion. Depuis le début de l’année, néanmoins, le processus semble sur la bonne voie, et l’on peut raisonnablement espérer qu’il ira jusqu’à son terme.

C’est plus que souhaitable. Car, après avoir vécu pareille aventure, les Comoriens n’ont plus le droit à l’erreur. Qu’il s’agisse de l’Union africaine, de l’Organisation internationale de la Francophonie, de l’Afrique du Sud, de la France ou de Maurice, les divers médiateurs n’ont ménagé ni leurs efforts ni leur patience. Et malgré l’énergie affichée au cours de leurs missions de bons offices, les diplomates impliqués dans le règlement de la crise semblent quelque peu fatigués du feuilleton comorien.
D’ailleurs, les principaux acteurs politiques en ont conscience. « Nous devons tenir nos promesses vis-à-vis de la communauté internationale, estime Mohamed Issimaïla, le porte-parole du gouvernement de l’île de Ngazidja (Grande Comore). Si elle ne s’était pas engagée dès le début de la crise, en 1997, on parlerait aujourd’hui des Comores comme on parle de la Somalie : un État-fantôme… On peut vite nous oublier, car nous ne pesons pas lourd sur l’échiquier mondial. C’est pourquoi il faut prendre garde au risque de lassitude de nos partenaires. »
Même message du côté du pouvoir fédéral, qui compte bien faire fructifier cette confiance retrouvée. « Nous sommes en négociations avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour bénéficier d’un programme d’allègement de notre dette, explique le président Azali Assoumani. La balle est dans notre camp. Nous allons faire tous les efforts possibles et élaborer un budget d’austérité, pour l’obtenir. Car sans allègement de dette, il n’y a pas de développement socio-économique possible. » Bref, la toute jeune Union des Comores est désormais soumise à une obligation de résultats. Et ses amis auraient certainement beaucoup de mal à admettre un nouvel échec.

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