Le sens d’un remaniement

Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le président Zine el-Abidine Ben Ali a procédé, le 10 novembre, à un important remaniement ministériel, qui n’a pas touché le poste de Premier ministre, occupé depuis cinq ans par Mohamed Ghannouchi, mais trois départements de souveraineté : l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères. Le nouveau cabinet compte 47 membres (28 ministres et 19 secrétaires d’État), dont 7 femmes, contre 44 dans le précédent (25 + 19), dont 6 femmes.

Parmi les promus, Abdelbaki Hermassi, 67 ans, qui passe de la Culture à la diplomatie. Cet intellectuel indépendant a rejoint le pouvoir au lendemain de l’accession de Ben Ali à la magistrature suprême, en 1987. Il aura, à ses côtés, trois secrétaires d’État : Slaheddine Jemmali aux Affaires maghrébines, arabes et africaines, Saïda Chtioui aux Affaires américaines et asiatiques et Hatem Ben Salem aux Affaires européennes. Ces deux derniers départements viennent d’ailleurs d’être créés. Autre promu : Rafiq Belhaj Kacem, 55 ans, nouveau ministre de l’Intérieur et du Développement local, qui occupait, depuis 2002, le poste de ministre conseiller du président de la République pour les droits de l’homme.
Le nouveau ministre des Technologies de la communication, Montassar Ouaïli, devra préparer la deuxième phase du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), qui se tiendra à Tunis en novembre 2005. Afif Chelbi, le nouveau ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des PME, est un grand expert du textile, secteur qui représente la moitié des exportations industrielles du pays et bientôt exposé à une forte concurrence mondiale avec le démantèlement de l’Accord multifibre, le 1er janvier prochain.

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Sur les 15 partants, dont 10 ministres, on dénombre cependant 5 « poids lourds », ou présumés tels. Il s’agit de Habib Ben Yahia, qui a chapeauté la diplomatie pendant plus de dix ans ; Sadok Chaabane, longtemps considéré comme l’idéologue du régime ; Sadok Rabah, qui a dirigé plusieurs départements techniques (Agriculture, Technologies de la communication, Transport…) ; Dali Jazi, ancien dirigeant du Mouvement des démocrates socialistes (MDS, opposition démocratique), qui a intégré le RCD (parti au pouvoir) et le gouvernement après 1987 et dirigé depuis les départements de la Santé et de la Défense ; et Chedli Neffati, patron du RCD.
Comme après chaque remaniement important, le chef de l’État, qui est aussi président du RCD, a décidé de la composition du nouveau bureau politique du parti, passé de 16 à 7 membres. Ont fait les frais de ce resserrement les cinq « poids lourds » cités plus haut, ainsi que Abderrahim Zouari, ex-ministre du Tourisme et de l’Artisanat, qui hérite cependant du ministère du Transport. Seuls deux membres du gouvernement siègent désormais au bureau politique (le Premier ministre Mohamed Ghannouchi et Abdelaziz Ben Dhia, ministre d’État, conseiller spécial et porte-parole officiel de la présidence). Est-ce pour mieux marquer la différence entre les deux instances ? Sans doute.

Le président tunisien a été réélu, le 24 octobre, pour un quatrième mandat de cinq ans avec 94,48 % des voix et s’apprête à gouverner avec une confortable majorité, puisque 80 % des sièges du nouveau Parlement seront occupés par des députés issus de son parti. Fort de ce quasi-plébiscite, il entame son nouveau mandat avec un gouvernement fortement remanié, mais où les postes clés sont tenus par les figures majeures de la scène tunisienne des quinze dernières années. Il cherche ainsi à inscrire sa volonté de changement dans une logique de continuité. Et de stabilité.

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