Complot ou intox ?

Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Arrêtés le 5 novembre, mis en examen le 8, sept anciens militaires sont accusés d’avoir fomenté un « complot visant à renverser le gouvernement démocratique du Ghana » et préparé « des actes de terrorisme ». Lors de leur interpellation, la police a trouvé en leur possession, selon David Asante-Apeatu, responsable du département des enquêtes policières, des casques militaires, des gilets pare-balles, des armes à feu et des munitions.
On ne connaît pas l’identité des sept présumés putschistes, si ce n’est qu’ils sont d’anciens militaires du 64e régiment d’infanterie, une unité spéciale proche de l’ex-président John Jerry Rawlings et dissoute en 2000 à l’arrivée de John Kufuor au pouvoir. Seul l’un d’entre eux a été incarcéré, les autres ont été priés de ne pas quitter le territoire avant la tenue d’un éventuel procès.

À l’annonce de leur arrestation, Kufuor, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a envoyé son ministre des Affaires étrangères le représenter à la réunion d’urgence consacrée à la crise en Côte d’Ivoire, le 6 novembre, au Nigeria. Une source proche de la présidence indique que le gouvernement était « au courant de ce complot ».
Dans l’entourage de Rawlings, on qualifie par contre cette affaire de « tentative de diversion d’un gouvernement désespéré ». On s’explique difficilement le rapprochement entre l’ancien président et les sept suspects, d’autant plus que, souligne Victor Smith, son aide de camp, « parmi les hommes arrêtés, certains ont servi dans le 64e régiment d’infanterie, mais ils ne sont ni d’anciens gardes du corps de Rawlings, ni des amis proches, comme on le laisse entendre ». Pour lui, le gouvernement veut diaboliser l’ex-président en raison de l’appui, qui pourrait se révéler déterminant, apporté par Rawlings au candidat du Congrès démocratique national (NDC) John Atta Mills, principal challenger de Kufuor à la présidentielle du 7 décembre. Les observateurs estiment en effet que, malgré son retrait de la vie politique, Rawlings bénéficie toujours d’une grande sympathie au sein de la population. Pour le NDC, le pouvoir se livre à une campagne d’intoxication afin d’empêcher les électeurs de réagir en cas de fraude.

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Quoi qu’il en soit, cette tentative de coup d’État présumée intervient à la veille d’une élection qui s’annonce serrée, même si John Kufuor et son parti, le Nouveau Parti patriotique (NPP), recueillent les faveurs des pronostics. Le Ghana, qui a connu une série de coups d’État, va-t-il renouer avec ses vieux démons ? C’est la seconde fois cette année que le gouvernement accuse d’anciens militaires du 64e régiment d’infanterie d’être impliqués dans des opérations de déstabilisation. Au début de 2004, l’ex-commandant de cette unité, le colonel Larry Gbevlo-Lartey, avait été arrêté pour sa participation présumée à une tentative de coup d’État.

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