Avance sur recettes… pétrolières

Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Nouakchott ne va pas se contenter des royalties (30 % à 50 % du profit) et des recettes fiscales (25 %) que lui procurera l’exploitation commerciale de Chinguetti, son premier gisement pétrolier, prévue pour le mois de novembre 2005. Le 19 novembre prochain, il bouclera un financement lui permettant d’augmenter sa rente en prenant, en plus, une participation dans l’exploitation dirigée par la compagnie australienne Woodside. De quoi percevoir un revenu supplémentaire estimé à 5 % du cash-flow du gisement. Le contrat de partage de production lui permet en effet de remonter à hauteur de 12 % (et, plus tard, 16 %) dans le permis de Chinguetti, jusque-là totalement détenu par cinq compagnies étrangères.
La décision n’était pas facile à prendre. Une option est rarement exercée par un nouveau pays pétrolier dépourvu de ressources financières suffisantes. Pour ce faire, la Mauritanie doit en effet verser aux actionnaires actuels sa quote-part dans les investissements estimés à 600 millions de dollars, soit 120 millions de dollars en cash. La rentabilité de Chinguetti est démontrée par des études commandées par le ministère des Mines et de l’Industrie, avec des réserves estimées à 120 millions de barils et une production de 75 000 b/j dans un premier temps.

La course d’obstacles a commencé le 20 mai 2004, lorsque Nouakchott a octroyé à Woodside l’autorisation d’exploitation. C’est alors qu’a été privilégiée la formule d’un « financement participatif », proche du modèle pratiqué en Europe par les banques islamiques : le bailleur de fonds est remboursé sur une part des résultats de la société emprunteuse, en l’occurrence la société pétrolière nationale fraîchement lancée, Groupe Projet Chinguetti (GPC). Dans ce cas, le bailleur de fonds est remboursé selon une formule de partage dégressive démarrant à 75 % de la quote-part de GPC (12 %) pour une production cumulée de 0,5 million de barils et se stabilisant à 16,67 % au-delà de 30 millions de barils. Pour Nouakchott, l’essentiel est d’être présent dans le processus de développement, mais il ne s’agit nullement de vendre ses 12 % de parts, ni de devenir le deuxième interlocuteur de Woodside excluant toute implication directe du partenaire financier dans le capital et l’exploitation.

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En juillet 2004, quatre sociétés internationales ont fait des offres jugées insuffisantes. Une deuxième consultation élargie, à travers Internet, a touché quelque quatre cents compagnies. Restées dans la course, une dizaine d’entre elles se sont rendues à Nouakchott pour d’ultimes négociations. Le processus, piloté par un comité interministériel, aboutit à la sélection de Sterling Energy, une compagnie cotée à Londres. Le contrat du financement participatif est signé le 26 octobre. Sterling fait parvenir au gouvernement de Nouakchott, le 8 novembre, une lettre de crédit irrévocable de 130 millions de dollars garantie par la Barclays Bank. À l’occasion de la clôture du processus le 19 novembre à Londres, elle lui remettra un « bonus » de 15,5 millions de dollars.

« La décision de la Mauritanie d’exercer son option est courageuse, estime un expert proche du dossier. Dans un parcours sans faute, elle a obtenu d’excellentes conditions pour les royalties, et le financement participatif est judicieux. » Ce qui fait que le Trésor mauritanien empoche déjà les premiers revenus un an avant que le premier baril ne soit mis sur le marché.

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