Actes Sud au pinacle
Publié le 14 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.
Après le Nobel décerné en 2002 au Hongrois Imre Kertesz, Actes Sud peut se féliciter d’un autre grand succès avec l’attribution, le 8 novembre, du prix Goncourt à Laurent Gaudé pour Le Soleil des Scorta, roman « humaniste » qui met en scène la vie d’une famille des Pouilles de 1875 à nos jours. Le même auteur avait déjà reçu le Goncourt des lycéens en 2002 pour son précédent roman, La Mort du roi Tsongor.
Même s’ils s’en défendent, les jurés du plus prestigieux des prix littéraires français ont probablement voulu, par ce choix, répondre à ceux, nombreux, qui les accusent d’être « à la botte » des grandes maisons du boulevard Saint-Germain. Actes Sud est en effet une exception dans le paysage éditorial français. La petite structure fondée en 1978 par Hubert Nyssen dans un village proche d’Arles, dans le sud de la France, a grandi pas à pas jusqu’à devenir l’un des principaux groupes éditoriaux de littérature générale – derrière des institutions telles que Hachette, Gallimard, Le Seuil ou Flammarion -, après avoir absorbé plusieurs marques comme Sindbad et Solin.
Actes Sud a pu s’imposer, en toute indépendance, grâce à la qualité de son travail. Sur les tables des libraires, ses ouvrages se distinguent par l’élégance de leur présentation : illustrations de couverture recherchées, papier ivoire du meilleur effet et, surtout, un format tout en hauteur qui a donné une forte identité aux productions de la maison provençale.
Ces questions de forme pourraient paraître anecdotiques si elles ne s’accompagnaient d’un travail éditorial lui aussi d’une grande originalité. Pour ne prendre que la fiction, les romans étrangers représentent 40 % des titres. Largement tourné vers la Méditerranée et le monde arabo-musulman – Naguib Mahfouz est l’un de ses auteurs fétiches -, Actes Sud est aussi un important diffuseur de littératures scandinave, germanique, hispanique, japonaise… La région subsaharienne n’est pas en reste, surtout depuis la création, en 1997, de la collection « Afriques », qui a permis aux lecteurs francophones de découvrir de remarquables écrivains tels que le Soudanais Jamal Mahjoub, le Zimbabwéen Chenjerai Hove, le Nigérian Helon Habila ou encore la Ghanéenne Arma Darko.
