Les écoles s’ouvrent à l’international

Publié le 14 octobre 2007 Lecture : 4 minutes.

E n matière de recrutement, les chasseurs de tête, les cabinets spécialisés et les responsables du personnel au sein des multinationales ne font jamais de compromis sur la qualité : seules les candidatures les plus proches des exigences du poste proposé sont retenues. Dans ce contexte, chaque école a ses méthodes pour offrir le maximum de chances à ses étudiants. Deux tendances se dessinent. Un nombre croissant d’écoles cherchent à établir un partenariat avec une formation occidentale. Cette solution a deux effets : mieux valoriser le cursus et le diplôme, et offrir aux étudiants la possibilité d’une formation complémentaire, à l’international. Depuis peu, certaines écoles favorisent la recherche du dialogue avec les entreprises. Il s’agit pour elles de mieux adapter la formation qu’elles dispensent aux métiers les plus demandés sur le marché du travail.

Illustration de l’évolution qui s’est produite en matière de partenariats : l’école d’ingénieurs SupCom, à Tunis. Son rapprochement avec Télécom Paris (l’ENST) a débuté il y a plus de quinze ans par une simple collaboration pédagogique. Aujourd’hui, une convention beaucoup plus large permet aux étudiants tunisiens de faire une partie de leur cursus en France. Ils obtiennent ainsi un double diplôme. C’est une forme de « consécration », admet Dominique Ventre, responsable de la formation à l’ENST : « Ces échanges placent implicitement l’école de Tunis au même niveau que l’école française. » Initié plus récemment, en 2004, le partenariat entre l’Institut supérieur du management (ISM) de Dakar et l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris a connu une évolution similaire. Pendant une période d’observation, la coopération s’est limitée à des échanges de professeurs. Elle entre maintenant en phase active : plusieurs étudiants de Dakar se rendent en France cette année pour suivre un cursus de troisième cycle, couronné par un MBA, sur le campus de Jouy-en-Josas. De passage à Paris, Jean-Luc Ricci, responsable du projet Afrique d’HEC, explique la stratégie : « Nous avons voulu trouver le meilleur partenaire possible en Afrique. Nous ne pouvions pas nous associer avec une école qui ne remplissait pas certains critères. Nous réfléchissons maintenant à délocaliser partiellement un MBA d’HEC à Dakar. Une partie des cours serait en Europe et l’autre en Afrique. »

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Côté rapprochement avec le monde du travail, certaines formations ont assimilé la nécessité d’être à l’écoute des employeurs. Les journées portes ouvertes et autres forums de rencontre entre étudiants et entreprises sont leurs outils préférés. En mai dernier à Ouagadougou, l’école d’ingénieurs 2IE (Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement) a organisé la seconde édition de ses « Journées entreprises ». Au total, 90 sociétés étaient présentes et « 50 offres d’emploi ont été proposées aux étudiants », se réjouit son directeur, Paul Giniès pour qui cette opération n’est qu’un des aspects de la démarche. Car le véritable rapprochement avec le monde du travail consiste à l’impliquer dans l’élaboration de la formation. L’institut 2IE et la société Sogea Satom ont franchi ensemble le premier pas dans cette direction. Confrontée à une pénurie de main-d’uvre pour la maintenance de son matériel de chantier, la filiale du groupe de BTP Vinci a été séduite par la proposition de formation sur mesure formulée par Paul Giniès. En quelques mois, les enseignants de l’école de Ouagadougou ont bâti un cursus à partir des compétences référencées par l’entreprise. Dans le courant de cette année scolaire, des formateurs de l’entreprise viendront rencontrer les élèves pour les sensibiliser aux réalités de leur métier. La moitié des étudiants de la promotion 2007-2008 pourraient être embauchés dès l’obtention de leur licence.
L’émergence des établissements privés africains à partir de 1990 a permis de redynamiser le secteur de la formation professionnelle et technique. « L’amélioration de niveau et de qualité que l’on a pu observer ces cinq dernières années est due à la concurrence entre écoles », assure Joël-Éric Missainhoun, du cabinet de recrutement Afric Search. À Tunis, l’École supérieure privée d’ingénierie et de technologie (Esprit), fait l’admiration de Dominique Ventre, de Télécom Paris : « En six ans, cet établissement a littéralement explosé. Il forme des ingénieurs terrain qui répondent parfaitement aux besoins du marché. Aujourd’hui, sa formation a la cote ! » Esprit revendique un partenariat actif avec les entreprises, une pédagogie fondée sur la réalisation de projets et une orientation métier des cursus qu’elle élabore.

Ces avancées ne doivent pas faire oublier que les partenariats de cette envergure ne sont pratiqués que par un petit nombre d’écoles privées. « La limite, c’est lorsque la logique économique l’emporte sur la pédagogie. Pour faire du chiffre, certaines écoles diminuent les critères d’exigence à l’entrée », déplore Jean-Luc Ricci. En l’absence d’éléments de comparaison – alors que les écoles occidentales sont régulièrement classées et comparées – le choix d’un cursus africain demeure un véritable casse-tête, tant pour les entreprises que pour les familles. Voilà qui donne à celles qui sortent du lot une raison supplémentaire de progresser.

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