Le chemin de Damas

Publié le 14 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’administration Bush se refuse à avoir des contacts directs avec la Syrie, estimant que cela « légitimerait » le régime Assad. Elle a ostracisé la Syrie, rappelé l’ambassadeur américain et imposé à Damas des sanctions financières. L’éventualité d’un brutal changement de régime a même été évoquée.
Il vaudrait mieux que l’administration tire les leçons de l’heureux dénouement de ses contacts avec la Libye. En 2003, le Royaume-Uni a engagé des négociations prolongées avec le fils du « Guide » libyen Mouammar Kadhafi. Les États-Unis sont intervenus pour leur conclusion. Kadhafi a accepté de cesser de financer le terrorisme et de renoncer, sous contrôle, à ses programmes d’armes nucléaires, chimiques et biologiques.

Un tel accord est-il possible avec la Syrie, avec Israël aux avant-postes ? L’été dernier, les médias israéliens ont fait état d’entretiens secrets entre les deux pays, sans qu’on sache si des progrès réels ont été réalisés. Le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, s’est jusqu’ici abstenu de les confirmer officiellement. On dit aussi que l’administration Bush lui a fortement déconseillé de prendre des engagements avec Damas.
Cette attitude négative est regrettable. Un changement de comportement de la Syrie aurait de nombreux avantages à la fois pour Tel-Aviv et pour Washington. Des relations normalisées entre la Syrie et Israël mettraient fin à une tension qui a dans le passé contribué à bloquer le processus de paix au Moyen-Orient. Le Hamas se retrouverait affaibli et Mahmoud Abbas renforcé, de même que d’autres modérés prêts à négocier une solution de deux États. En outre, une entente avec Damas mettrait le Hezbollah en porte-à-faux et consoliderait le flanc nord d’Israël. La Syrie a largement approvisionné en armes le Hezbollah au Sud-Liban. Un des points de l’accord avec la Syrie porterait également sur un meilleur verrouillage de sa frontière avec l’Irak pour empêcher les infiltrations de kamikazes. Il sera de plus en plus important d’y mettre fin avec les transferts d’autorité des États-Unis aux forces irakiennes.

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Une entente avec la Syrie serait un coup porté à l’Iran, l’obligerait à mettre une sourdine à ses rodomontades régionales et réduirait son influence néfaste sur les affaires intérieures libanaises et sur le processus de paix au Moyen-Orient. Priver Téhéran de son partenaire stratégique renforcerait indirectement la division régionale entre les Arabes et les Persans, et permettrait à Washington d’exercer une plus grande pression sur l’Iran pour qu’il limite ses ambitions nucléaires.
Au Moyen-Orient, la situation ne s’améliore jamais avec le temps, elle ne fait qu’empirer. Livrée à elle-même, la Syrie continuera à soutenir le Hezbollah, à saboter la démocratie libanaise et à miner le terrain à l’approche de la conférence de paix régionale prévue en novembre par l’administration Bush. Plus grave, dans quelques années, l’Iran pourrait être en mesure d’offrir à la Syrie son parapluie nucléaire, ce qui encouragerait Damas, le Hezbollah et les groupes extrémistes de Gaza et de Cisjordanie à se livrer à des actes de provocation, tout en limitant la liberté d’action d’Israël.
Les accords avec la Libye resteront le plus grand succès diplomatique de l’administration Bush – à moins qu’il y en ait un autre.

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