Sous-traitante zélée de l’Europe

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Côté pile : le chantre de l’unité africaine. Côté face : le sous-traitant des barrières de l’Europe. Décidément, le colonel Kadhafi joue toujours de l’ambivalence. Davantage encore depuis que la communauté internationale l’a réadmis en son sein et que l’Europe compte sur Tripoli pour retenir les candidats à l’exode. Avec 1 700 km de côtes et 4 000 km de frontières terrestres, le pays, qui compterait 1,7 million d’étrangers en situation irrégulière pour 5,5 millions d’habitants, est devenu l’une des principales routes migratoires. La fermeture des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en 2005 et le renforcement des contrôles au Maroc ont accentué le phénomène. Chaque mois, ce sont des centaines de personnes qui, partant des côtes libyennes, tentent d’atteindre Malte ou l’Italie. Sans compter ceux que la mer engloutit. Depuis le début de l’année, plus de 16 000 personnes – hommes, femmes et enfants – ont ainsi déjà débarqué sur les côtes italiennes. Et, depuis 1988, 12 000 clandestins ont péri et près de 5 000 sont portés disparus dans la seule zone du canal de Sicile, selon l’association Fortress Europe (basée en Italie).
Un afflux que Kadhafi lui-même avait appelé de ses vux quelques années plus tôt. Septembre 1999 : il déclare ouvrir grandes les portes à ses « frères » africains. Constituant une main-d’uvre à bas coût dans un pays sous boycott international et qui manque de cadres et d’ouvriers, les Subsahariens sont alors les bienvenus. Depuis, la donne a changé. De 2003 à 2005, la Libye a expulsé près de 145 000 ressortissants africains, selon l’organisation Human Rights Watch, qui reprend des chiffres officiels et qui dénonce des « passages à tabac, des arrestations arbitraires et des retours forcés ». Le mouvement se poursuit avec semble-t-il la même férocité. Ultime étape, franchie en janvier 2007 : le visa est devenu obligatoire pour tous les étrangers, Maghrébins et Subsahariens compris. L’expulsion est promise à tous ceux qui n’auront pas régularisé leur situation. Le panafricanisme libyen a fait long feu. En décembre dernier, à l’occasion de sa venue en France, le « Guide » avait critiqué vertement la façon inhumaine dont l’Europe traitait ses immigrants clandestins. Il n’est décidément plus à un paradoxe près.

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