Quand l’Afrique se prend en main

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Enfin ! Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai ont signé, le 11 septembre, un accord pour le partage du pouvoir sous les yeux du médiateur sud-africain Thabo Mbeki. Quels que soient les problèmes qui ne manqueront pas d’intervenir dans l’application de cet accord et les nombreux écueils qui se dressent encore sur le chemin d’une paix définitive, il faut se féliciter de cette issue que plus personne ou presque n’attendait.

Après la Côte d’Ivoire (Gbagbo-Soro) et le Kenya ?(Kibaki-Odinga), le Zimbabwe constitue donc le troisième théâtre de conflits politiques gérés par les Africains eux-mêmes avec un certain succès. Davantage, en tout cas, que lorsque la communauté internationale s’en est mêlée. C’est une bonne chose que le continent résolve seul ses problèmes. Point commun de ces trois cas épineux : la solution adoptée, le partage du pouvoir. Ce n’est certes pas une panacée et il ne faudrait pas que, à chaque crise, on brandisse cette « moins mauvaise solution pour éviter le pire ». Mais cela vaut mieux, mille fois mieux, qu’une guerre civile.

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Il fallait trouver une sortie honorable à Comrad Bob, père légitime de la nation, icône des indépendances africaines qui s’est mué avec le temps en despote solitaire, violent et pas franchement éclairé. Avec cet accord, il sauve la face, c’est-à-dire l’essentiel à ses yeux. Morgan Tsvangirai, lui, a remarquablement manuvré : il a su refuser de faire des concessions trop importantes, se placer en position de force puis tendre la main. Le grand gagnant, c’est lui : le pouvoir ira très progressivement mais inexorablement vers son camp, le temps joue en sa faveur. Et pour Mbeki, c’est un beau succès. L’homme semble avoir de sérieux dons pour les médiations Tsvangirai gagne, Mugabe ne perd pas, chapeau l’artiste !

Tony Blair puis Gordon Brown, George W. Bush et Condi Rice ont tout fait pour avoir la peau de Mugabe. Hérauts de cet Occident jugé arrogant, volontiers donneurs de leçons et accusés de parti pris – au point d’embarrasser considérablement un Morgan Tsvangirai soupçonné d’être leur cheval de Troie au Zimbabwe -, ils ont échoué dans leur croisade anti-Mugabe. Pis, leur obsession leur a joué des tours : plus ils s’acharnaient sur le vieux Bob, plus les chefs d’État du continent affichaient leur répugnance à céder à leurs injonctions. De là à dire que c’est grâce aux Britanniques et aux Américains que les Africains ont décidé de se prendre en main

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