Mauritanie : grands principes et Realpolitik

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

« Je suis contre les coups d’État, bien entendu []. Malheureusement, les erreurs en politique, il faut les payer. Sidi Ould Cheikh Abdallahi en a commis un certain nombre. La plus grave a été de vouloir dégager d’un seul coup tous les chefs militaires. » C’est ce qu’a déclaré Abdoulaye Wade, à l’issue d’un entretien avec Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le 10 septembre. À en croire le président sénégalais, « la junte militaire est sur la bonne voie pour organiser des élections libres et démocratiques qui permettront aux Mauritaniens de choisir leurs dirigeants ». C’est ce que lui aurait assuré le général Mohamed Ould Abdelaziz en personne
Quelle mouche a donc piqué Abdoulaye Wade ? On le sait adepte des sorties médiatiques fracassantes, mais comment, lui qui s’est si longtemps battu pour la démocratie dans son pays, peut-il justifier un putsch contre un chef d’État démocratiquement élu par le fait que ce dernier a limogé ceux qui convoitaient sa place et tentaient de l’acculer à la démission ? « Sidi » a commis des erreurs ? Oui, mais méritait-il pour autant d’être déposé par un quarteron de militaires avides de pouvoir ? Assurément pas. Ou alors, nombre de chefs d’État africains – à commencer par Wade lui-même – auraient de sérieux motifs de s’inquiéter pour la suite de leur carrière.
Le temps passe et la crise mauritanienne donne l’impression de s’enliser. L’Union européenne, l’ONU, la France, les États-Unis et, dans une moindre mesure, l’Union africaine campent sur des positions de principe et exigent – comment pourraient-ils faire autrement ? – le retour à l’ordre constitutionnel. Voilà pour le discours officiel. Mais, en coulisses, toutes les solutions sont envisagées. Reste à trouver la plus acceptable.
Personne ne peut croire que les putschistes accepteront de réinstaller Abdallahi dans son fauteuil présidentiel. Celui-ci n’a pas assez d’atouts dans son jeu. Il manque de soutiens de poids. Bref, tout le contraire de ce qui s’est passé en juillet 2003 à São Tomé e Príncipe, quand la Cemac, avec l’appui du Nigérian Olusegun Obasanjo, rendit le pouvoir à Fradique de Menezes, qu’une poignée de militaires venaient de débarquer.
Seule issue acceptable aux yeux du général Abdelaziz comme de la communauté internationale : la libération de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et l’organisation, dans les plus brefs délais, d’élections auxquelles ni lui ni eux n’auront le droit de se présenter. Dans ce cadre, Ely Ould Mohamed Vall fait figure de recours idéal. Pour sortir de cette crise, la Realpolitik a de bonnes chances de l’emporter, une fois encore, sur les grands principes

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