Massacre de Sabra et Chatila

16 septembre 1982

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeudi 16 septembre 1982. Des chars de Tsahal, l’armée israélienne, se positionnent devant les camps palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth-Ouest, afin d’en bloquer toutes les issues. Peu de temps après, deux bataillons de phalangistes libanais sont acheminés par les militaires israéliens vers le rond-point de l’aéroport international de la ville, non loin des deux camps. Deux bataillons de trois cents hommes, fous de rage et assoiffés de vengeance. C’est que, deux jours plus tôt, le 14 septembre, leur chef, le président libanais Béchir Gemayel, avait trouvé la mort dans un attentat qui a totalement soufflé ses bureaux à Beyrouth-Est. Le crime porte-t-il la signature des Syriens ? Des Israéliens ? Ou celle des Palestiniens ? Peu importe l’identité des commanditaires. Pour les phalangistes, emmenés par Elie Hobeika, 28 ans, chef du Deuxième Bureau (service de renseignements) des forces chrétiennes libanaises, les réfugiés palestiniens doivent payer la dette de sang. Installé sur le toit d’un poste de commandement de Tsahal, Hobeika dirige ses sicaires par téléphone. Il est à peine 18 heures lorsque la boucherie commence.
À Sabra et Chatila, deux camps miséreux faits d’habitations de fortune, ne vivent plus désormais que des femmes, des vieillards, des enfants et des hommes inaptes au combat. Les combattants de l’OLP, eux, ont été contraints, sous la pression d’Israël, de quitter Beyrouth quelques semaines plus tôt pour prendre le chemin de l’exil. Deux jours durant, les phalangistes vont se livrer à un carnage : mitraillage collectif, égorgements, exécutions sommaires, viols, dynamitage, rien ne sera épargné aux habitants des deux camps. « Ils ont mis les hommes à part, les ont alignés contre les murs, puis les ont arrosés de balles devant leurs familles, témoigne un survivant. Ensuite, tout le monde y est passé : femmes, vieillards, bébés » Aveuglés par la haine, les miliciens ligotent parfois leurs victimes avant de les tuer. À l’hôpital Akka, à Chatila, les escadrons de la mort font feu sur le personnel médical ainsi que sur les malades. Parmi les victimes, on dénombre cinq handicapés et cinq nourrissons. Des infirmières sont violées avant d’être exécutées. Les animaux ne sont pas épargnés : les ânes servant à transporter des marchandises sont abattus. Pour pouvoir se déplacer de nuit dans les dédales des camps, les phalangistes demandent à l’armée israélienne de tirer des fusées éclairantes. Ce qui est fait.

Samedi 18 septembre, à 8 heures du matin, les tueurs de Hobeika se retirent enfin de Sabra et Chatila, laissant derrière eux des centaines de cadavres gisant dans des mares de sang. Pour tenter d’effacer les traces de leurs crimes, les phalangistes commencent à ensevelir les corps à l’aide de bulldozers, mais l’opération échoue : les cadavres sont trop nombreux. Dans l’après-midi, des journalistes arrivent sur les lieux pour constater l’horreur. Le lendemain, le monde entier découvre avec effroi les photos de Sabra et Chatila.
Combien de personnes ont péri dans ce massacre ? Pour les services secrets israéliens, le nombre de morts oscillerait entre 700 et 800. Pour les Palestiniens, ils seraient entre 3 000 et 4 500

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