Les fantasmes du brut

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Longtemps les Librevillois ont recruté leurs gardiens et femmes de ménage parmi la communauté équatoguinéenne. Toujours perçu comme un véritable émirat africain, le Gabon reste une terre d’immigration. Pour les ressortissants des pays voisins en premier lieu, mais aussi pour beaucoup de personnes venues d’Afrique de l’Ouest tenter leur chance sur les rives de l’Ogooué. Toutefois, la production de brut gabonais décline et Libreville n’est plus le dernier eldorado à la mode. Les temps changent. Aujourd’hui, c’est Malabo qui alimente tous les fantasmes. Pays sous-peuplé, la Guinée équatoriale exploite depuis un peu plus de dix ans ses ressources pétrolières avec un certain succès : taux de croissance à deux chiffres et pétrodollars à gogo, que le régime investit dans de gigantesques chantiers d’infrastructures. De quoi susciter le vif intérêt des travailleurs nigérians, camerounais et même gabonais, qui s’installent massivement sur l’île de Bioko.
Conséquence de ce subit engouement, les frontières équatoguinéennes deviennent de plus en plus difficiles à franchir. Tout comme Libreville, Malabo se montre réticente à l’ouverture pure et simple de son territoire aux ressortissants de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac), comme c’est déjà le cas entre les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), où la libre circulation des personnes est effective depuis 2004. Maintes fois annoncée, l’entrée en vigueur du passeport Cemac se fait toujours attendre. Si bien que les fermetures inopinées des frontières, les expulsions et les incidents diplomatiques entachent encore régulièrement les relations communautaires.
En 2004, à la suite de l’arrestation au Zimbabwe d’un groupe de mercenaires qui préparaient un coup d’État contre le régime équatoguinéen, Malabo décide d’expulser sans ménagement plusieurs centaines d’étrangers de son territoire, dont près de 1 500 Camerounais, provoquant une crise diplomatique avec Yaoundé. En décembre 2006, la Guinée équatoriale ferme à nouveau sa frontière continentale avec le Cameroun. Celle-ci ne rouvrira que quatre mois plus tard.
Aujourd’hui encore, la méfiance persiste. Dernières cibles de cette relative suspicion, les Libanais. Le gouvernement équatoguinéen a décidé à la mi-août de restreindre le nombre de ressortissants du pays du Cèdre pour « raisons de sécurité ». Une décision liée à l’implication d’hommes d’affaires libanais dans la tentative de coup d’État de 2004 contre Teodoro Obiang Nguema. Lequel a reçu au début de septembre Fawzi Salloukh, le ministre des Affaires étrangères du Liban.

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