La carte Barghouti

Publié le 14 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, 73 ans, dont le mandat s’achève l’an prochain, a annoncé qu’il ne se représenterait pas. Mais même s’il reste en fonctions, il faut préparer l’avenir. Les Palestiniens doivent remettre de l’ordre parmi les partisans, chez eux, de la solution de deux États.
L’ancien chef des Tanzim (branche armée du Fatah), Marwane Barghouti, 50 ans, a déjà fait savoir qu’il serait candidat à la succession d’Abbas, qu’il soit en prison ou pas – il a été condamné en 2004 à cinq peines d’emprisonnement à vie pour sa participation à la seconde Intifada. Selon un sondage réalisé en juin par le Centre palestinien d’opinion publique, 42,8 % des Palestiniens le préféreraient à Ismaïl Haniyeh – le chef du Hamas, qui n’a recueilli que 18,1 % d’opinions favorables – comme président de consensus.

Au moment où le soldat israélien Gilad Shalit a été enlevé, nombre de Palestiniens défendaient un document négocié entre des prisonniers membres du Hamas et du Fatah qui demandait la création d’un État palestinien voisin d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967. C’est Barghouti qui a négocié ce texte avec les prisonniers du Hamas. C’est le premier document de cette nature demandant la mise en place des deux États et signé par des personnalités importantes du Hamas en plus de Barghouti et d’autres dirigeants du Fatah.
Depuis lors, Barghouti est resté l’interlocuteur clé aux yeux des responsables israéliens et palestiniens. Benyamin Ben Eliezer, ministre des Infrastructures et ancien ministre de la Défense, déclarait à Haaretz, l’an dernier : « Il faut que nous trouvions un bon prétexte pour libérer Barghouti : ce doit être la libération de Gilad Shalit. Je sais que ce sera difficile. Mais il faut que nous nous placions dans une perspective de dix ans, et que nous nous demandions où nous voulons en être à ce moment-là. »

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Nul n’ignore que le plus fidèle allié de Barghouti dans la jeune garde du Fatah est Kadoura Fares, qui a signé l’Initiative de Genève en faveur des deux États après avoir rencontré Barghouti. Le Premier ministre du Fatah, Salam Fayyad, est lui aussi en rapport avec Barghouti et l’aurait rencontré avant de former le gouvernement palestinien actuel.
Barghouti est le seul qui puisse conseiller Israël dans des négociations avec un partenaire palestinien capable d’instaurer la paix, parce qu’il peut parler à la rue au nom de Mahmoud Abbas et du Fatah, contribuer à la reconstitution d’un camp national favorable à la solution de deux États et faire adopter un accord final. Sa remise en liberté pourrait donner la possibilité à un autre président potentiel – américain, cette fois – d’imposer enfin un règlement du conflit israélo-palestinien.

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