Sous le signe de la solidarité

Si la Malaisie continue de mener la danse, les pays de la région tentent de se mettre au diapason avec un même objectif: lutter contre la pauvreté.

Publié le 14 août 2005 Lecture : 3 minutes.

«L’Afrique et l’Asie ont tant de choses en commun, tant à gagner en restant unies et tant à perdre en se séparant. » Ces bonnes paroles ont été prononcées par le Premier ministre malaisien Abdullah Ahmad Badawi en avril dernier, lors du sommet Asie-Afrique commémorant le cinquantième anniversaire de la Conférence de Bandoung. Un demi-siècle après la naissance du mouvement des non-alignés, la solidarité afro-asiatique reste à l’honneur. Même si, depuis, en termes de développement, un véritable fossé s’est creusé.
De part et d’autre de l’océan Indien, on aime à croire qu’une coopération renforcée permettra un jour de rétablir l’équilibre. Les partenariats les plus actifs s’établissent avec les puissances économiques du Nord-Est asiatique. Si la Chine occupe le devant de la scène, il ne faut pas oublier que le Japon est un partenaire historique du continent et que la Corée du Sud y a fait son entrée dès le début des années 1990. Les conglomérats sud-coréens, tels que Daewoo, Hyundai ou Samsung, ont injecté des milliards de dollars au sud et au nord du Sahara.
En Asie du Sud-Est, la Malaisie mène la danse grâce à l’impulsion donnée par l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad, parti à la retraite fin 2003 après plus de deux décennies à la tête de l’État. Fervent défenseur des pays du Sud, connu pour ses critiques virulentes à l’encontre de l’Occident, il a tout mis en oeuvre pour resserrer les liens avec l’Afrique. Notamment en faisant jouer à son pays un rôle de premier ordre au sein des institutions internationales promouvant le développement. Outre les bureaux asiatiques du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Kuala Lumpur accueille, depuis sa création en 1999, le Centre Asie-Afrique de promotion des investissements et de la technologie.
Le tigre asiatique partage volontiers les recettes d’une réussite économique qui fait rêver plus d’un dirigeant au sud du Sahara. « Nous avons mis en place le Dialogue de Langkawi pour que les dirigeants africains puissent profiter de notre expérience », explique l’ancien Premier ministre. Chaque année, les dirigeants politiques et économiques se réunissent sur cette île située au nord de la péninsule malaisienne pour échanger leurs analyses. Kuala Lumpur assure par ailleurs la formation de responsables africains dans le cadre de son programme de coopération technique. Enfin, la Banque de développement de Malaisie assiste les institutions financières de neuf pays d’Afrique subsaharienne.
Dans le même temps, des liens économiques se sont tissés. Les échanges commerciaux, après avoir quadruplé en l’espace d’une décennie, ont enregistré une progression de 64 % ces deux dernières années, pour atteindre 2,2 milliards de dollars en 2004. La balance penche largement en faveur de Kuala Lumpur, qui exporte à la fois des produits manufacturés et des matières premières. Du côté des investissements, la tendance semble légèrement à la baisse. Après le boom des années 1990, qui avaient vu l’arrivée en masse des sociétés malaisiennes, particulièrement en Afrique du Sud, la prudence est devenue de mise depuis l’annonce, par Telekom Malaysia, de la cession progressive de la totalité de ses actifs africains pour se recentrer sur des pays plus proches géographiquement. En coulisses, on évoque le manque de rentabilité des filiales. D’autres sociétés semblent plus chanceuses. En tête, le géant pétrolier Petronas, qui a réalisé en 2004 près du quart de son chiffre d’affaires sur le continent. Présent dans une vingtaine de pays, le groupe a placé l’Afrique au coeur de son développement. Et compte bien y poursuivre son irrésistible ascension. Tout comme la société textile Ramatex, qui a ouvert en 2002 une usine en Namibie, contribuant à hauteur de 30 % à ses bénéfices.
D’autres pays du Sud-Est asiatique commencent à se tourner vers l’Afrique. La puissante ville-État de Singapour a récemment accordé une assistance technique au gouvernement du Botswana. Et s’est engagée, à l’occasion de la visite du président sud-africain Thabo Mbeki en avril dernier, à ouvrir des négociations avec Pretoria pour la mise en place d’un accord de libre-échange. Mais la présence des entreprises privées demeure embryonnaire. Du côté de la Thaïlande, mal remise de la crise économique qui a frappé la région de plein fouet à la fin des années 1990, les rapports sont abordés par le biais de la coopération, articulée essentiellement autour de la lutte contre le sida, véritable fléau au royaume du Siam. Scénario identique avec l’Indonésie, dans les domaines de la gestion et de la santé. Au Vietnam, l’agriculture est au coeur des relations naissantes. Hanoi, qui affiche une ferme volonté de collaboration technique avec le continent, a lancé début 2005 un programme de lutte contre la pauvreté avec le Bénin et le Mozambique. L’heure du Nouveau Partenariat stratégique Asie-Afrique a bel et bien sonné.

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