Hâtons-nous de rire de tout…

Publié le 14 août 2005 Lecture : 2 minutes.

À l’époque glorieuse de l’URSS, le KGB organisa un jour un concours de blagues portant sur Lénine. Chacun pouvait envoyer sa contribution au quartier général des services secrets, sans oublier de mentionner son nom et son adresse précise. Le premier prix : dix ans de goulag.

Évidemment, cette anecdote est elle-même une blague. Mais on sait que dans les sociétés répressives la blague est souvent pour le peuple le seul moyen de laisser la pression s’échapper. Voir le rôle de la noukta dans les pays arabes, spécialement en Égypte. Ainsi celle-ci, qui n’est pas la plus drôle mais certainement la plus subversive, car elle est la favorite des Frères musulmans. Moubarak convoque ses ministres et leur demande :
– Qui est le plus fort, moi ou Nasser ?
Les ministres répondent en choeur :
– Toi. Tout le monde sait que Nasser craignait les Russes.
– Qui est le plus fort, moi ou Sadate ?
– Toi. Tout le monde sait que Sadate craignait les Américains.
– Qui est le plus fort, moi ou le calife Omar ?
– Toi. Tout le monde sait qu’Omar craignait Dieu.

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Aujourd’hui, un travail universitaire très sérieux est paru sur ce sujet. D’habitude, les analyses de l’humour ont tendance à être sinistres. Le Rire de Bergson n’a jamais fait rire personne. Mais le travail auquel nous faisons allusion contient beaucoup d’exemples de ce que George Orwell appelait les « petites révolutions », c’est-à-dire les blagues subversives qui circulent sous le manteau. À propos de Krouchtchev, qui était chauve comme un oeuf, on se racontait entre amis la devinette suivante :
– Comment appelle-t-on la coupe de Krouchtchev ?
Réponse :
– La récolte de blé de 1963.
Sous Brejnev, l’URSS entra dans une période de stagnation proportionnelle à la fatigue chronique et au conservatisme de son politburo. Le peuple se vengea par des anecdoty du genre : Brejnev inaugure les jeux Olympiques de 1980. Il balbutie d’une voix pâteuse :
– O, O, O, O…
Jusqu’à ce que son aide de camp lui souffle à l’oreille :
– Tovarich, ça c’est le symbole olympique, le discours commence au-dessous.
Les blagues s’adaptent remarquablement aux temps nouveaux. Ainsi, à propos des nouveaux riches russes qui ne savent que faire de leur argent mal gagné :
– Tu as vu ma montre Rolex ? Je l’ai achetée 2 000 euros.
– Peuh ! C’est rien ça. J’ai exactement la même et je l’ai payée 3 000 euros !
Allez, bonnes vacances !

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