Femmes intègres ?

Publié le 14 août 2005 Lecture : 2 minutes.

En voulant parodier Jean de La Fontaine, ne pourrait-on pas dire de Delwendé, le dernier long-métrage du Burkinabé Simon-Pierre Yaméogo, que selon que vous êtes femme, vieille et pauvre, ou mère d’un fortuné ou d’un chef, les jugements des hommes vous rendront blanche ou noire ? Inspiré d’un documentaire qu’il avait tourné pour « Envoyé spécial », magazine de la chaîne de télévision France 2, le film du réalisateur de Dunia, Laafi, Wendemi (sélectionné à Cannes en 1993 dans la section « Un certain regard »), Silmandéet Moi et mon Blanc, vient s’incruster dans la catégorie du cinéma d’intervention sociale qui a pour objectif de bousculer les comportements dans lesquels on tend à se complaire.
Dès la scène d’exposition, Yaméogo montre une réunion d’hommes. Le spectateur peut à partir de ce moment s’interroger sur la place des femmes, tant leur absence est criante, dans une société qu’elles doivent fatalement partager avec leurs semblables du sexe opposé. Ces derniers qui, très souvent, trichent pour résoudre des problèmes personnels, ou protègent les femmes socialement bien placées. En cette époque où les féministes font de plus en plus entendre leurs voix, des traditions ancestrales ont encore une forte emprise dans certains pays. Notamment au Burkina Faso, le pays des Hommes (et pas des femmes ?) intègres.
Delwendé, sous-titré Lève-toi et marche, prend toute sa signification lorsqu’il apparaît comme un véritable parcours d’éducation physique pour le sexe faible. Dans la forêt ou en ville, elles marchent. D’un pas décidé. Interminablement. Tourné à Kienfangué, à 7 km de Ouagadougou, le film de Yaméogo montre avec force et gravité les images pathétiques d’un camp de rassemblement de ces exclues. Ce que Yaméogo a appelé « les camps de concentration » pour vieilles femmes accusées d’être des « mangeuses d’âmes ». S’il peut être considéré comme ethnographique, son film demeure utile, car il milite en faveur de la « démolition des traditions africaines » qui avilissent encore l’être humain. Sous-tendu par l’ambition de corriger ces comportements en les montrant, il a remporté le prix de l’Espoir dans la section « Un certain regard » au Festival de Cannes 2005, et le prix du jury oecuménique attribué en marge de la sélection officielle.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires