Délocalisations et cannabis : les recettes du PJD

Publié le 14 août 2005 Lecture : 2 minutes.

Les islamistes, qui pourraient faire leur entrée au gouvernement en 2007, seront-ils porteurs d’un autre projet économique et social ? Le Parti de la justice et du développement (PJD) tient son spécialiste sur la question en la personne de Lahcen Daoudi, un de ses cadres dirigeants. Smith, Ricardo, Marx, Keynes n’ont pas de secret pour ce docteur en économie qui enseigne la matière à la faculté de droit de l’université de Rabat. Le député de Fès-Médina, 58 ans, propose une série de solutions et de réformes pour le moins originales, parfois même farfelues, pour développer le royaume. Ainsi le Maroc de demain doit reposer, selon Daoudi, sur l’économie résidentielle. Il s’agit d’attirer les personnes âgées européennes, chrétiennes pour la plupart, pour qu’elles viennent passer leur retraite dans le royaume. Le PJD mise sur la venue d’un million de citoyens du Vieux Continent dans les dix années à venir.
Il préconise également de favoriser la délocalisation des entreprises européennes et invite les autorités à mettre aux normes les infrastructures logistiques et de communication pour les convaincre.
L’économiste du PJD défend, par ailleurs, une réforme profonde de l’agriculture orientée vers la recherche du profit. Pour donner la zakat ? « Nous devons développer les cultures de rente. La production d’huile d’olive est de 30 000 à 40 000 tonnes mais le potentiel du pays est de 1,4 million de tonnes », souligne le député en conseillant de relancer les lycées agricoles pour former de jeunes agriculteurs.
S’agissant de la production de cannabis, Daoudi prône une solution extrêmement simple. Pourquoi les autorités n’y ont-elles pas pensé plus tôt ? Il suggère de donner des bourses aux enfants de paysans pour qu’ils fassent des études supérieures et se tournent vers d’autres métiers. Et propose également la production de bioénergie à partir de cette culture.
Lahcen Daoudi appelle encore le ministère des Finances à réformer le secteur bancaire pour contraindre les établissements à prêter davantage aux petites et moyennes entreprises. Et s’en prend directement, à l’aide d’images « décoiffantes », aux gouvernements successifs qui ont favorisé le libéralisme économique sans avoir préparé les opérateurs à l’ouverture des marchés. « On ne peut lâcher l’eau d’un barrage sans avoir préalablement évacué les populations. Le document de mise à niveau des entreprises nationales était prêt depuis 1994, mais personne – État, partis politiques, syndicats, médias – n’a joué le jeu, pour accomplir les évolutions nécessaires. » Avant de citer l’exemple des entreprises textiles marocaines qui n’ont pas su prendre le virage du démantèlement des quotas internationaux d’exportation au 1er janvier 2005.
L’économiste stigmatise enfin l’action gouvernementale qui manque d’imagination : « On ne voit pas la différence entre un ministre des années 1970 et un autre de 2005. La classe politique est vieillissante et ne propose pas de réponses innovantes aux problèmes de la société alors que la montée de la précarité est particulièrement inquiétante en milieu rural et dans les banlieues. » Et l’islam dans tout ça ? Dieu seul le sait.

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