Zuma peut-il renaître ?

Publié le 14 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Le 8 mai, les nombreux supporteurs de l’ancien vice-président Jacob Zuma, dont certains portaient des peaux de léopard, ont cru voir la main d’Unkulunkulu (la figure mythique de l’ancêtre zoulou) derrière la décision du juge Willem Van der Merwe. Puisque le juge afrikaner s’est pour la première fois exprimé en zoulou au début de la lecture du verdict, n’était-ce pas là le signe du souffle puissant de l’esprit ? Ils ont désormais la conviction que rien n’arrêtera leur challengeur. Depuis le parvis de la Haute Cour de Jo’burg, Zuma a donné le ton des batailles futures en entonnant le chant de libération : « Awulethu mshiniwami » (Donnez-moi mon arme !)
Mais si Zuma a remporté une victoire, il n’a pas encore gagné la guerre. L’ex-numéro deux devra encore affronter des juges fin juillet, pour une affaire de corruption, celle-là même qui lui a coûté en juin 2005 son poste de vice-président et son image de dauphin à la succession de Thabo Mbeki. Les pressions qu’exerceront ses partisans d’ici au procès seront à la mesure des enjeux.
Les deux affaires mettent en lumière la lutte sans merci que vont se livrer les prétendants à la succession de Mbeki, qui achève son deuxième et dernier mandat en 2009. À la différence de la situation qui prévalait en 1999 entre Nelson Mandela et Mbeki, alors vice-président de la République, l’accord parfait entre Mbeki et son vice-président Jacob Zuma a été difficilement trouvé. Pis : entre l’actuel chef de l’État et certains ténors de l’ANC, les relations sont carrément hostiles. L’ex-secrétaire général du parti, Cyril Ramaphosa, et l’ancien Premier ministre de la région de Gauteng, Tokyo Sexwale, ne s’entendent pas avec lui depuis que, en 2000, la présidence les a accusés – à tort – de complot.
Mbeki a davantage enfoncé le clou en annonçant, au lendemain de l’acquittement de Zuma, qu’il sollicitera un nouveau mandat à la tête de l’ANC lors de son congrès de 2007. S’il réussit à se faire élire, sa position lui permettra de peser sur le choix du futur président, et il n’a pas caché sa préférence en faveur d’une candidature féminine.
Pencherait-il pour Phumzile Mlambo-Ngcuka, l’actuelle vice-présidente ? Ou pour Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères et ex-épouse de Jacob Zuma ? Voire. Ce dernier a également fait savoir qu’il briguerait les suffrages de l’ANC pour la présidence.
En juin 2005, alors qu’on disait le Zoulou fini, un sondage sur les présidentiables réalisé par la télévision nationale (SABC) donnait Cyril Ramaphosa en tête pour les élections de 2009, devant Trevor Manuel, l’actuel ministre des Finances, et Mosiua Lekota, son collègue de la Défense.
Dernière inconnue : l’issue du procès pour corruption de Zuma en juillet prochain. Les prétendants au « trône » se garderont bien de s’exprimer ou de donner le « go » à leurs partisans avant cette échéance.

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