Senghor, la déferlante
Il aura fallu attendre le centième anniversaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor (qui sera célébré le 9 octobre) pour que l’édition rende justice à cette figure majeure du XXe siècle. Le mouvement a été lancé au début de l’année avec deux ouvrages abondamment illustrés retraçant la vie et le parcours de Senghor, expliquant la formation de sa pensée, le sens de ses engagements (voir J.A. n° 2348 et n° 2358) : Léopold Sédar Senghor. Genèse d’un imaginaire francophone (éd. Gallimard, 256 pages, 25 euros), de Jean-Michel Djian, et Léopold Sédar Senghor, lumière noire (éd. Mengès, 184 pages, 25 euros), d’Hervé Bourges.
Aux biographies de ces deux journalistes sont venues s’ajouter ces dernières semaines celle d’un historien, Christian Roche, auteur de Léopold Sédar Senghor. Le président humaniste aux éditions Privat (240 pages, 19 euros), et celle d’un écrivain et critique d’art, Simon Njami, qui, dans C’était Senghor (Fayard, 330 pages, 22 euros), jette un regard sans complaisance sur un « homme complexe » avec lequel il a entretenu un « inavouable rapport de filiation ».
Les littéraires ne sont pas en reste, puisque Daniel Delas, l’un des meilleurs connaisseurs des écrivains de la négritude, a fait paraître de son côté un Léopold Sédar Senghor (340 pages, 25 euros) aux éditions Aden. Enfin, c’est grâce à Karthala qu’est désormais disponible en français l’étude très fouillée, probablement la meilleure ?du genre, de l’universitaire américaine Janet G. Vaillant, ?Vie de Léopold Sédar Senghor : Noir, Français et Africain ?(446 pages, 29 euros), publiée en anglais en 1990.
Homme politique, penseur de la négritude et du métissage culturel, Senghor était aussi et surtout un immense poète. Le Seuil a réédité dans la collection « Points » son uvre poétique (446 pages, 8 euros), qui rassemble la quasi-totalité de ses poèmes, tandis que Seghers a remis à jour la monographie publiée en 1969 dans la collection « Poètes d’aujourd’hui » (Léopold Sédar Senghor, 368 pages, 22 euros). L’étude d’Armand Guibert y est complétée par un long texte de l’écrivain tchadien Nimrod intitulé « Le poème à l’épreuve du pouvoir ».
Il faut encore citer les magazines et revues qui, comme Jeune Afrique avec son hors-série (Senghor, 116 pages, 5 euros), ont apporté leur contribution à la célébration de l’année Senghor. Ainsi Le français dans le monde a-t-il publié, comme supplément à son numéro 344 de mars, un très original ouvrage multimédia (livre et CD audio), Senghor et la musique (106 pages), proposant des parcours pédagogiques aux enseignants.
Dans le domaine audiovisuel, l’actualité n’est pas moins riche. L’Organisation internationale de la Francophonie diffuse un DVD (Léopold Sédar Senghor : cent ans de négritude) réunissant des entretiens télévisés avec l’ancien chef de l’État sénégalais, un témoignage de son successeur Abdou Diouf et un discours de son ami martiniquais Aimé Césaire. Et, alors que l’INA (Institut national de l’audiovisuel) publie un coffret de deux CD (Léopold Sédar Senghor par lui-même) constitués d’interviews accordées à Patrice Galbeau, RFI s’est associée avec le même INA et les éditions Frémeaux pour le CD Léopold Sédar Senghor, enregistrements historiques, présenté par Philippe Sainteny.
Il n’est pas jusqu’aux musiciens pour exalter l’uvre de l’auteur de Femme noire. Après le chanteur sénégalais Meïssa, qui, dans Entre Seine et Sine (Comet Records), a mis en musique dix poèmes de Senghor, l’un de ses confrères français, Bernard Ascal, a choisi d’associer dans un même hommage Senghor, Césaire et Damas, trois poètes francophones (EPM).
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