Rupert et Hillary

Publié le 14 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

A priori, il n’y a pas de pire adversaire pour Bill et Hillary Clinton que Rupert Murdoch. En 1998, lors de l’affaire Monica Lewinsky, le groupe News Corporation, que dirige le magnat australien – il possède, entre autres, le New York Post, le quotidien ultraconservateur, et Fox News, la chaîne de télévision favorite de George W. Bush -, s’était livré à un lynchage en règle du couple présidentiel. Deux ans plus tard, en 2000, alors qu’Hillary faisait campagne pour le poste de sénateur de l’État de New York, ce même Murdoch avait fait publier un sondage sur « les personnalités les plus diaboliques du millénaire » : Bill était classé en deuxième position, juste derrière Hitler, et Hillary en sixième, devant Vlad l’Empaleur et Mussolini. Mais les États-Unis étant ce qu’ils sont – la terre de tous les miracles -, voici que le « media mogul » de la droite républicaine dure et la pasionaria de la gauche caviar démocrate ont décidé d’enterrer la hache de guerre. Plus exactement, News Corporation organisera au mois de juillet un gala de donateurs afin de lever des fonds pour les deux prochaines campagnes d’Hillary : la sénatoriale de novembre 2006 et la présidentielle de 2008 – pour laquelle l’épouse de Bill devrait prochainement déclarer sa candidature à l’investiture du parti démocrate. Qui a courtisé l’autre ? Les deux – et ce désir croisé en dit long sur les personnalités des ex-antagonistes. Murdoch, on le sait, est un pragmatique cynique avant d’être un idéologue. Son conservatisme viscéral et son engagement républicain ne l’empêchent pas de ménager l’avenir – et Hillary est incontestablement une personnalité d’avenir. Quant à cette dernière, elle ne néglige rien pour devancer dans la course aux bailleurs de fonds ses rivaux démocrates Al Gore et John Edwards et pour gommer l’image d’égérie « progressiste » qui est encore la sienne. À en juger par ses récentes prises de position sur l’Iran, le Hamas ou le drapeau américain (dont elle exige que l’incinération et le piétinement soient assimilés à un crime), que n’auraient pas reniées les plus faucons des républicains, cette étiquette est en voie de disparition rapide.

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