Randgold : la ruée vers l’Ouest
Hôtel de Crillon, Paris, le 9 mai. Mark Bristow, directeur général de la société britannique Randgold Resources, accueille tout sourires ses invités – quelques-uns de ses actionnaires, des investisseurs potentiels et des journalistes financiers triés sur le volet – pour un déjeuner de présentation des résultats et de la politique du groupe. Un exercice dans lequel Bristow excelle – c’est sa dixième prestation en autant d’années dans les salons cossus du grand établissement parisien. Le Sud-Africain met d’emblée en valeur son bilan : la production d’or – 314 831 onces – a augmenté de 54 % en 2005 pour un bénéfice net qui a plus que doublé (40,9 millions de dollars). D’excellents résultats dus à la hausse des cours du métal jaune – quelque 600 dollars l’once – et à l’entrée en production en septembre 2005 de la mine de Loulo, au nord-ouest de Kénieba, au Mali, après celles de Yélea et Morila. « Il s’agit de la plus grosse découverte en Afrique depuis la mise au jour de la mine d’Ashanti au Ghana », clame Bristow. La compagnie a déjà investi 154 millions de dollars pour exploiter ce site à ciel ouvert et continue de lever des fonds auprès des investisseurs pour son exploitation souterraine. Son développement devrait permettre de faire passer la production à 400 000 onces par an d’ici à trois ans.
Bristow ne cache pas son intention d’étancher sa soif d’or dans toute la ceinture aurifère de l’Afrique occidentale. Le grand patron multiplie les voyages et lance un grand nombre de prospections (Burkina, Ghana, Sénégal et Côte d’Ivoire) : « Nous allons investir 300 millions de dollars dans les cinq ans, précise-t-il. Nous sommes convaincus que nous pouvons gagner beaucoup d’argent dans la région. » Bristow tente même de réconcilier les frères ennemis ivoiriens autour d’un de ses projets. Il a récemment rencontré le président Gbagbo et Guillaume Soro, le leader des Forces nouvelles (FN), pour lancer l’exploitation du gisement prometteur de Tongon, au nord du pays. Si Bristow voit son rêve d’or se concrétiser peu à peu, il n’oublie pas d’en remercier celui qui lui a ouvert les portes de l’ancien Empire mandingue en 1992 : un certain Alpha Oumar Konaré, alors président du Mali.
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