Konan Banny règle ses comptes

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Charles Konan Banny aura attendu neuf mois avant d’accorder sa première grande interview (au quotidien Fraternité Matin) après son départ de la primature ivoirienne. Mais il a bien choisi son moment – une semaine avant la réunion des chefs d’État de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le 17 janvier – pour régler ses comptes. Mécontent de ne pas avoir été consulté par Laurent Gbagbo sur le choix de son successeur à la tête de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’ex-gouverneur critique la méthode et le choix du palais. Plutôt que Paul-Antoine Bohoun Bouabré, l’actuel ministre du Plan, rejeté par plusieurs pays ouest-africains et par la France, Banny aurait préféré un Ivoirien membre du sérail, mais moins marqué politiquement et doté d’une forte personnalité qui lui permette de résister aux pressions. À l’en croire, le fait que Bouabré soit parvenu à payer les fonctionnaires en temps de crise ne fait pas forcément de lui un visionnaire économique !
Outre cette qualité, le prochain gouverneur devra selon lui posséder de grandes compétences monétaires, c’est une évidence, mais aussi savoir diriger une équipe de 4 000 personnes, réparties dans huit pays. Il pourrait également être confronté, comme en 1994, à une délicate dévaluation du franc CFA : « Il y a un risque, estime-t-il, si la monnaie, en raison de son arrimage à l’euro, est durablement plus forte que l’économie. » Banny conseille aux gouvernements de s’émanciper davantage de la tutelle française en matière de gestion des changes et, surtout, de s’engager plus résolument dans la voie de l’intégration régionale.
L’ancien Premier ministre confirme par ailleurs ses ambitions présidentielles : « Je suis plongé dans la politique depuis l’âge de 16 ans. Le jour où je voudrais être candidat, je dirai aux Ivoiriens : je suis candidat ! » Mais en privé, il suggère que ce jour pourrait ne pas être très éloigné. Reste à convaincre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de le soutenir, ce qui est loin d’être assuré, Henri Konan Bédié, le patron du parti, étant intimement convaincu que les Ivoiriens ne rêvent que d’une chose : lui rendre la présidence de la République dont il a été, juge-t-il, injustement dépossédé.

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