Faut-il craindre la récession américaine ?

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

Depuis le début de cette nouvelle année, le monde retient son souffle face à des États-Unis dont l’économie vacille. En décembre 2007, le taux de chômage y a bondi de 4,7 % à 5 %, son plus haut niveau depuis deux ans, et l’inflation menace avec un rythme annuel qui dépasse les 3,5 %. Autrement dit, l’éclatement de sa bulle immobilière, au cours de l’été dernier, semble pousser irrémédiablement l’économie américaine vers la dépression, au moment où la hausse des prix de l’énergie dope une inflation en plein redémarrage.
Cela s’appelle la stagflation, cauchemar de tous les responsables économiques et politiques, qui ne savent comment y faire face : relancer l’économie attise l’inflation et combattre l’inflation étouffe l’activité défaillante.
Pour éviter la récession qui menace en ce mois de janvier, on s’agite beaucoup à Washington. La Réserve fédérale s’apprête à baisser une nouvelle fois, le 29 janvier, ses taux d’intérêt d’un demi-point, ce qui ramènerait le loyer de l’argent à 3,75 %.
George W. Bush, lui, étudie un plan de relance qu’il aimerait proposer au Congrès, lors de son discours sur l’État de l’Union, le 28 janvier. Toute la difficulté sera de concilier des avis forcément divergents sur le remède à administrer, car le président préférerait les baisses d’impôt, alors que les démocrates souhaitent augmenter la durée ou le montant des allocations chômage.

Les risques d’une dépression américaine étant de 50-50 selon la plupart des experts, les autres pays redoutent la contagion, et ils ont raison car les États-Unis demeurent la locomotive du commerce mondial. S’ils tombaient malades, il y a gros à parier qu’ils achèteraient moins de pétrole et de cuivre à l’Afrique, moins de portables et de chaussures au Sud-Est asiatique, moins de jouets à la Chine, moins d’Airbus à l’Europe, raréfiant les rentrées de devises et bloquant le pouvoir d’achat de ces fournisseurs.
Sombre perspective pour tous les pays qui ont réalisé des investissements lourds pour satisfaire la demande américaine en matière de minerais ou de produits de grande consommation. Et perspective d’autant plus sombre que, une fois le cercle vicieux de la récession ainsi enclenché, il est très difficile d’en sortir, la paralysie des uns aggravant l’anémie des autres pays.
Puisque nous sommes dans la période des vux, formons pour la planète le souhait que ce scénario catastrophe ne se réalise pas. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui estiment que la croissance se maintiendra en Amérique. Henry Paulson, le secrétaire d’État américain au Trésor, a affirmé, le 7 janvier, que « même si la croissance a considérablement ralenti fin 2007, notre économie est résistante et je prévois qu’elle continuera de croître ».
C’est de la Banque mondiale qu’est venu le message le plus optimiste : « Les économies en développement amortiront l’impact du ralentissement de l’activité dans les pays riches en 2008 », lit-on dans son rapport annuel sur les perspectives économiques mondiales de l’année qui commence.

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Certes, la croissance mondiale ralentira de 3,7 % en 2007 à 3,3 % en 2008 sous l’effet de l’affaiblissement du dollar, de la langueur américaine et de la nervosité croissante des marchés financiers. Mais les pays en développement – et pas seulement les pays émergents comme la Chine, l’Inde ou l’Afrique du Sud – ont tellement engrangé de devises au cours de ces dernières années que leur forte demande de produits manufacturés se maintiendra et compensera la mollesse des pays développés.
Toutes les zones seront affectées par une moindre croissance, sauf deux : d’une part, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où la flambée des prix des hydrocarbures garantit des recettes abondantes et une accélération de la croissance de 4,9 % en 2007 à 5,4 % en 2008 ; d’autre part, l’Afrique subsaharienne, qui bondira de 6,1 % à 6,4 % en 2008.
Pour la première fois, cette Afrique ignorée de la mondialisation approche les performances des « dragons » asiatiques. Elle devient un acteur de moins en moins négligeable avec une progression de 3 % à 4 % par an de son revenu par habitant. Il n’est que de voir la compétition à laquelle se livrent Chinois, Indiens et Occidentaux pour pénétrer ses marchés et investir dans ses mines. L’Afrique contribuant à soutenir une croissance économique mondiale flageolante, qui l’eût cru ?

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