Disparités africaines

Publié le 14 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Au Kenya comme sur une grande partie du continent, le retour de la confiance des investisseurs n’a pas fait disparaître des réalités plus sombres qu’on a eu trop tendance à oublier dans l’envie qu’on avait d’effacer l’image d’une Afrique collectionneuse de désastres humains. C’est comme si les nouveaux aéroports rutilants, les hôtels de luxe, l’accès à Internet et les réseaux BlackBerry dont s’enorgueillissent aujourd’hui beaucoup de capitales africaines avaient aveuglé les consultants en développement, les investisseurs et les hommes politiques sur le désespoir qui règne en dehors de la bulle.
Les statistiques qui font les gros titres – les 7 % de croissance de l’économie kényane en 2007 – masquent souvent l’aggravation des inégalités et un quart-monde qui n’a pas grand-chose à perdre en balançant des pierres et des cocktails Molotov lorsque ses attentes sont trahies.

Prenons le cas de l’Angola. Les champions du nouvel optimisme africain soulignent que c’est ce pays, et non pas la Chine, qui a le taux de croissance le plus élevé au monde, et pourtant la rapacité de ses dirigeants est telle qu’en comparaison ceux du Congo ont l’air de pickpockets, et ses milliardaires, comme ceux du Nigeria, vivent entourés d’un chômage et d’une misère si répandus qu’ils échappent à la statistique.
Pour un Angolais qui a fait des études supérieures à l’étranger et vit dans une banlieue chic, il y en a des dizaines qui croupissent dans des bidonvilles et des villages perdus, sans accès à l’électricité, à l’eau potable ou à l’école.

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Certains diront que les événements du Kenya apparaîtront plus tard comme une crise de croissance, le moment d’une transition vers une plus grande prospérité et un gouvernement plus responsable. On peut encore espérer que les dégâts causés au tissu social ne seront pas irréparables.
Mais le risque existe que ces nouveaux débordements ne donnent à penser aux investisseurs que les milliards collectés en Occident pour répondre aux besoins d’infrastructures et de relance des entreprises sont mal placés. Il serait souhaitable, au contraire, que la crise kényane rappelle qu’un continent si vaste, si compliqué et connaissant de tels problèmes restera vulnérable et exposé aux rechutes tant que les dirigeants politiques ne seront préoccupés que par leurs intérêts personnels, et tant que la majorité de sa population vivra avec à peine 1 dollar par jour.

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