Courrier des lecteurs

Un illuminé au Tchad
– Qu’est qu’une ONG ? Qui délivre ce sésame à n’importe quel hurluberlu tel que le « président » de l’Arche de Zoé. Je ne suis qu’un modeste quidam français, secrétaire d’une petite association d’aide humanitaire qui travaille pour venir en aide à une région déshéritée du Mali, dans la région de Kayes. Cette association a été créée par des Maliens et des Français et nous avons obtenu des résultats encourageants grâce à la ténacité de tous ses membres. Je pense connaître certaines coutumes de la société musulmane, la première étant que les enfants ne sont jamais orphelins ; lorsque malheureusement leurs parents sont décédés, les oncles, les tantes deviennent automatiquement les parents.
Le président de cette « ONG » est-il un escroc, un illuminé ? Je pencherais plutôt pour la seconde option. Il est temps de toute façon que le terme ONG soit réservé aux associations sérieuses.
Christian Boiron, France

Ce que change la victoire de Zuma
– L’accession de Jacob Zuma à la présidence de l’ANC (African National Congress) à moins de deux ans de la fin du mandat présidentiel de Thabo Mbeki (voir J.A. n° 2449) semble bousculer l’ordre établi. En réalité, cette victoire ne provoquera pas le séisme annoncé. Des élections anticipées ne sont pas à l’ordre du jour, puisque Zuma a annoncé ne pas vouloir voter de motion de défiance contre Mbeki. Par ailleurs, si Zuma est sorti blanchi du procès de viol qui lui a été intenté en 2006, il reste empêtré dans d’autres affaires judiciaires.
Cette victoire redistribue surtout les cartes dans la course à la présidentielle. Elle réduit la marge de manuvre de Thabo Mbeki, qui ne pourra guère influer sur le choix de son successeur.
Pierre-Paul Dika, Reims, France

Kadhafi l’a fait…
– Pour éclipser le one-man show de Kadhafi, rien de mieux qu’une bonne mise en scène de fiançailles people avec Carla Bruni Battre sur le terrain médiatique l’omnipotent Sarkozy, l’opinion en rêvait, l’ingérable Kadhafi l’a fait. Et, durant cinq jours, ce qui restera une performance quand on connaît l’appétit de l’hyper-président français pour occuper les médias.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas tant le fait de recevoir le « Guide » libyen, mais le faste déployé et les concessions faites qui ont eu du mal à passer. Le colonel pourra se targuer d’avoir mis l’emblématique Rama Yade au bord de la démission, obligé Bernard Kouchner à avaler des couleuvres, délivré des leçons de droits de l’homme, fait passer, sur cette question, Nicolas Sarkozy pour un menteur Sur le terrain de la « rupture » diplomatico-médiatique, Sarkozy a rencontré le maître.
Ali Darhlal, Talence, France

Malek Chebel a bien du courage
– Après avoir pris connaissance de l’ouvrage de Malek Chebel sur L’Esclavage en terre d’islam (voir J.A. n° 2445), je tiens à le saluer pour son audace et le courage avec lequel il aborde des thèmes tabous dans notre culture arabo-musulmane.
Kamel Bouaouina, Tunis, Tunisie

Merci à Béchir Ben Yahmed
– Je voulais remercier Béchir Ben Yahmed pour tout ce qu’il a fait pour Jeune Afrique depuis la création du journal jusqu’à aujourd’hui. Mais aussi lui rendre hommage pour la rationalité avec laquelle il aborde les thèmes qui préoccupent notre monde.
Zein El Abidine Ould Mohamed Vall, Mauritanien, par courriel

Porte-parole des ?peuples de l’Afrique
– Je connais Jeune Afrique depuis mon plus jeune âge comme étant le porte-parole fidèle et sincère des peuples de l’Afrique. Ces peuples que l’on a tellement opprimés et affamés. Aujourd’hui quinquagénaire, je commence à discerner une petite lueur à l’horizon, quoique des guerres fratricides déchirent encore nombre de pays du continent.
Ce que je voudrais surtout, c’est saluer BBY du fond du cur et lui dire combien il mérite les éloges qui lui sont adressés pour sa ligne de conduite et son objectivité. Je peux prétendre que je partage les mêmes convictions que lui.
Je lui souhaite, ainsi qu’à toute l’équipe de J.A., une bonne et heureuse année 2008 que j’espère porteuse de quiétude et de paix pour tous les peuples de la terre.
Mohammed Thami, Rabat, Maroc

Réponse : Merci, cher lecteur quinquagénaire, de votre hommage, que je voudrais mérité, et de vos vux. Recevez en retour, avec les marques de notre gratitude, nos vux de bonne année, pour vous, pour le Maroc et, comme vous le dites si bien, « pour tous les peuples de la terre ».
Béchir Ben Yahmed

The right man…
– J’ai entendu la très remarquable interview de BBY sur RFI (voir J.A. n° 2451-2452) et me suis dit avec fierté : « Voilà un homme qui sait ce qu’il fait, qui se respecte et respecte les autres. » Bravo ! Il est grand temps pour lui de publier ses Mémoires de cinquante ans de journalisme. Il y a près d’une décennie que je le prie de le faire
Félicitations aussi pour la désignation de François Soudan à la tête de Jeune Afrique : « the right man at the right place », vraiment.
Ali Smaoui, New York, États-Unis

BBY époustouflant
– J’ai lu l’interview de Béchir Ben Yahmed dans le n° 2450-2451. C’est BBY tel qu’en lui-même : époustouflant.
Yadji Sangaré, Montreuil, France

Un cahier pour les émigrés
– J’ai apprécié le renouvellement de Jeune Afrique : la formule choisie éclaire bien la structure de l’hebdomadaire. Permettez-moi une suggestion. Je suis de plus en plus convaincu que le public émigré (dont le profil est en train de se modifier radicalement) apprécierait un cahier régulier sur ses problématiques. C’est, me semble-t-il, le public naturel de J.A. en France.
Bernard Lecherbonnier, Breteuil-sur-Iton, France

Sursaut de fierté
– Pour une fois, je suis fier de nos dirigeants. Lors du sommet Union européenne-Afrique, qui s’est tenu à Lisbonne les 7 et 8 décembre dernier (J.A. n° 2447), ils ont discuté d’égal à égal avec leurs homologues européens. Ils n’ont pas accepté sans broncher ce qu’on leur a proposé et ont imposé la présence de Robert Mugabe. Que cache ce sursaut de fierté ? L’Afrique cherche à diversifier ses partenaires économiques et financiers. L’extrême richesse du continent (minerais, pétrole, bois) fait qu’elle est convoitée à la fois par les puissances anciennes et par les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et les pays du golfe. Les marchés seront gagnés par les plus offrants et ceux dont les investissements se révéleront les plus intéressants. Fini le temps où l’Europe, ancienne puissance coloniale, considérait l’Afrique comme sa chasse gardée. Fini surtout le temps où l’Europe voyait l’Afrique comme un éternel mendiant.
Ali Gondi, Toujene, Tunisie

Un exemple pour les Sénégalais
– La disparition du calife général de la confrérie mouride (voir J.A. n° 2452) constitue une perte immense pour la umma islamique. Le fils du vénéré Cheik Ahmadou Bamba Mbacké était une référence morale par son humilité et son affection légendaire pour les enfants. Il restera pour le peuple sénégalais un bel exemple de maturité spirituelle.
Djibril Albert N’Diaye, Gorée, Sénégal

Quand la Russie se redresse
– Je suis très heureux que la Russie tienne tête à la puissance américaine. Le grand peuple russe, qui a tant donné à l’humanité (scientifiques, artistes de génie), n’a pas toujours eu ce qu’il méritait : un tsar qui, en 1867, brade l’Alaska aux États-Unis ; un camarade, Staline, sanguinaire ; un président, Boris Eltsine, barjo et alcoolique ; la perte de la guerre froide qui s’est accompagnée du démantèlement de l’URSS.
Aujourd’hui, Vladimir Poutine redresse la barre, met les Russes au travail, donne un coup de fouet à l’économie et aux finances de l’État et ne s’en laisse pas conter par l’Amérique de Bush.
Je l’encourage et souhaite tout le bien à la Russie à qui, comme des milliers d’Africains du nord et du sud du Sahara, je dois mon émancipation personnelle et professionnelle lorsque, dans les années 1960 à 1980, l’URSS ouvrait grand les portes de ses universités aux étudiants du Tiers Monde. Le jour où l’ours se mettra debout, le monde tremblera
Fahem Abid, Siliana, Tunisie

Un peu d’humour, svp !
– Deux ou trois petites remarques sur notre magazine.
1- En son temps, comme tous les autres journaux, vous nous avez annoncé le coma d’Ariel Sharon. Mais on ne connaît pas le fin mot de l’histoire. Est-il mort et enterré ou toujours dans le coma ?
2 – Sans le dire, la maquette de Jeune Afrique change. On s’y perd un peu, mais on s’y fera.
3 – Notre magazine manque d’humour. Il faudrait un peu de détente et ne pas avoir à lire que des catastrophes. « Humour, saillies et sagesse » n’est pas mal, mais ça déclenche un tout petit sourire, sans plus.
4 – Le vrai éclat de bonne humeur, ce sont les articles de Fouad Laroui, mais ce sont toujours des histoires centrées sur la diaspora musulmane en Hollande. Un peu, c’est bien. Mais des années durant, c’est un peu lassant, même si j’éclate de rire à chaque lecture.
Pas moyen de nous égayer un peu avec un vrai amuseur africain noir, du calibre de Laroui ? Quelqu’un, qui, comme Fouad, est capable de faire réfléchir par l’humour ?
René Oblé, Rieux-de-Pelleport, France

Indignité française
– Je ne peux manquer à ma conscience en vous signalant l’indignité qu’il y a à vouloir garder en réclusion – quelle qu’en soit la manière – des personnes ayant commis des crimes et purgé leur peine.
Abolir la peine de mort, même de manière trop tardive à mon entendement, reste la performance de la France dont je suis le plus fier. Cela date de 1981.
Une peine prononcée par un tribunal – hautement honnête par définition – ne saurait être détournée pour en faire baver à un être humain à des regards électoraux, ou autres que de droit.
De la même manière, entre bien d’autres nouvelles injustices que l’on apprend savamment au public à accepter, il est ridicule, stupide et fasciste de décréter des quotas d’expulsions.
La terre est à tout le monde.
La loi est censée sanctionner les fauteurs, non pas mettre des innocents en état de mourir défenestrés à la vue des hommes de loi qui devraient exister pour les protéger.
Pap Sarr, Paris, France