Tapis rouge pour ATT

Publié le 13 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Côte à côte, lors du dîner de gala donné au palais grand-ducal, le 9 novembre, le Malien Amadou Toumani Touré (ATT), président d’un pays classé 174e au palmarès 2005 du Pnud, et le grand-duc Henri du Luxembourg, une place financière plus connue pour ses banques offshore que pour sa philanthropie. La visite d’État d’ATT est le premier voyage officiel au Luxembourg d’un président africain depuis celle du président sénégalais Léopold Sédar Senghor, en 1970. Mais il est le quatrième d’ATT. Sa dernière visite privée, en tant que président de la Fondation pour l’enfance (FPE), date d’avril 2000. Il était venu recevoir le prix de la fondation Raoul-Follereau.
En 1993, un an après avoir rendu les clés du pouvoir, ATT, simple général, avait créé la FPE, une fondation qu’il présidera jusqu’à son élection à la tête du pays, en 2002. Dans ce cadre, il a travaillé avec la fondation luxembourgeoise Raoul-Follereau et son président Jos Hilger. À l’initiative de ce dernier et du docteur malien Cheick Sow, ATT s’était rendu, en juin 1996, au Luxembourg. Au cours d’un dîner avec des politiques, dont feu Pierre Werner, ancien président du gouvernement, ATT déroule son projet de clinique « Mère et Enfant » à Bamako, et convainc. Résultat : en 1999, le Mali devient un des six pays africains parmi les dix pays « cibles » de la coopération luxembourgeoise. La clinique « Mère et Enfant » voit le jour en 1999. Entre 2003 et 2006, le Mali recevra 19,4 millions d’euros dans le cadre du Programme indicatif de coopération (PIC).
Le Luxembourg consacre à l’Afrique de l’Ouest 140 millions d’euros par an (70 % de son budget de coopération). Le Mali est devenu le troisième bénéficiaire de ce pactole derrière le Cap-Vert et le Sénégal. Et le script imaginé par ATT il y a neuf ans continue de se dérouler. Au cours de sa visite, deux accords ont été signés, l’un portant sur l’accès à l’eau potable en milieu rural, l’autre sur l’assainissement des quartiers périphériques de Bamako, soit une enveloppe supplémentaire de 3,6 millions d’euros, outre le PIC. La clinique de Bamako, devenue l’hôpital « le Luxembourg », un des plus modernes de la sous-région, sera agrandie, avec la création de 90 nouvelles chambres et d’une nouvelle salle d’opération cofinancées à 15 % par la fondation Follereau et à 85 % par le grand-duché.
Cette visite tombe à point nommé pour le Luxembourg, soucieux de restaurer son image. En moins de dix ans, son aide publique au développement (APD) a été portée à 0,85 % du PIB, avec un objectif de 1 %. Le Luxembourg appartient au « G-0,7 », dixit son Premier ministre Jean-Claude Juncker, le groupe des cinq pays qui consacrent plus de 0,7 % de leur PIB à l’APD. Le grand-duché est devenu le troisième donateur mondial, derrière la Norvège et le Danemark. En mai, sous la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne, le ministre de la Coopération Jean-Louis Schiltz avait obtenu des Vingt-Cinq l’adoption d’un objectif d’APD de 0,56 % du PIB d’ici à 2010 et de 0,70 % d’ici à 2015. Un exemple de diplomatie aussi discrète qu’efficace.

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